Manifester ou pas?

Il faut le dire • En creusant, l’on apprend qu’il s’agit d’imposer un certain nombre de conditions aux protestataires en Angleterre.

Une manifestation contre un projet de loi renforçant les pouvoirs de la police a dégénéré. Cette phrase, vous l’avez peutêtre vu passer dans les médias à propos d’événements qui ont eu lieu dans la ville anglaise de Bristol, le 21 mars dernier. On la trouve à l’identique en ligne dans de nombreux médias.

Vous avez sans doute également lu que deux policiers ont eu os, bras et côtes cassés, comme le rapportait la RTS le lendemain, en se fondant sur un communiqué de police. Une information depuis démentie. Mais les rédactions semblent avoir été peu enclines à corriger le tir.

Si vous avez vu passer ces informations, vous en savez moins sur les motivations des manifestant.e.s que sur les membres brisés de la maréchaussée britannique. Qui finalement ne l’étaient pas. Toujours selon la RTS et d’autres médias, les protestataires s’opposaient à «un projet de loi prévoyant notamment d’accroître les pouvoirs de la police face aux manifestations non violentes».

En creusant, l’on apprend qu’il s’agit d’imposer un certain nombre de conditions aux protestataires (HuffPost). Ainsi, une fois la loi promulguée, ils se verront imposer une «limite de bruit» (BBC). Mesdames, Messieurs les Anglais.e.s manifestez, mais ne dérangez pas trop. N’est-ce pas la moindre des choses que de protester discrètement?

Le meilleur moyen d’y parvenir est sans doute de ne pas battre le pavé en étant en nombre. Même ainsi, la loi prévoit un seuil minimum de bruit pour considérer ce qu’est une manifestation. De fait, un quidam se baladant avec sa pancarte et scandant dans un mégaphone suffira à tomber sous le coup de cette législation. Pour ne déranger quiconque, ne vaut-il mieux ne pas manifester du tout?

Les personnes condamnées en vertu du projet de loi pourraient bien sûr être passibles d’amendes, voire d’une peine d’emprisonnement. C’est en particulier le cas des personnes qui auraient l’outrecuidance de s’attaquer aux monuments commémoratifs, tel que la statue du marchand d’esclaves Edward Colston, qui avait été renversée en juin à Bristol par la puissance du mouvement Black Lives Matter. Ceux et celles-là encourent jusqu’à 10 ans de prison.