Mort de la Zad, mais pas d’un combat

Vaud • Suite à des plaintes de la commune de La Sarraz et du cimentier Holcim, la Zad, installée depuis octobre sur la colline du Mormont, a été évacuée. La gauche combative et les Verts veulent rouvrir le dossier.

La police vaudoise a mené une opération manu militari pour déloger les défenseurs du climat. (Police vaudoise)

Ce 30 mars, des centaines de policiers anti-émeutes vaudois ont pris position au pied de la colline, filtrant les véhicules dès 7h17 entre La Sarraz et Eclépens. A voir le nombre de journalistes dépêchés sur l’événement, c’était  the place to be (le lieu où il faut être)… comme en 2003 pour le G8 d’Evian. Dès 8h36, un hélico tournoie dans les airs, alors que des canons à eau et des fourgons se positionnent. La stratégie de la gendarmerie est de prendre la zone en tenailles, en occupant une position du côté de la mine (barricade nord) et du côté de la barricade, accueil de la Zad, selon le fil d’actualité du site renverse.co, qui a suivi les événements toute la journée.

Dès 9h36, le petit groupe d’action climat qui bloquait la route près du cimetière de La Sarraz est évacué manu militari. Après une première tentative avortée, la police pénétrera finalement dans le campement des Zadistes à 12h16, avant de prendre possession du dernier bastion de résistance dans la maison de la Birette à 16h52. En fin de soirée, la police tirait son bilan comptable, précisant que sur la totalité des personnes présentes, au final ce sont 29 individus qui ont été interpellés et identifiés, dont 13 laissés aller mais dénoncés à l’autorité judiciaire, 4 relaxés et 12 gardés en zone de détention police. «Les principales infractions commises ont été la violation de domicile et l’insoumission à une décision de justice, l’empêchement d’accomplir un acte officiel ainsi que la violence contre les fonctionnaires dans une moindre mesure», explique le centre médias police.

Une initiative cantonale  pour sauver le Mormont

Du côté des partis politiques, les réactions ne se sont pas fait attendre à l’issue de cette journée d’assaut. Premier à dégainer, Solidarités Vaud a regretté que l’opération ait été supervisée par un gouvernement de gauche et notamment pas sa ministre, la verte Béatrice Métraux. Celle-ci étant d’ailleurs dans ses petits souliers à l’heure de l’interview, rappelant que la décision d’envoi de la maréchaussée était le fait de décision de justice suite à des plaintes de la commune de La Sarraz et d’Holcim et non le fait du gouvernement.

«Nous déplorons que le gouvernement cantonal et son bras armé conçoivent la protection de la propriété privée d’une multinationale aux pratiques commerciales hautement problématiques comme un combat plus important que celui pour la sauvegarde de notre environnement. Une fois de plus, le gouvernement vaudois prend position pour des pollueurs plutôt que de soutenir réellement la cause écologique», a critiqué le député au Grand Conseil, Hadrien Buclin.

De son côté, le POP vaudois a demandé que la multinationale ne puisse plus continuer à étendre ses
activités sur le site du Mormont et détruire de nouvelles zones actuellement intactes, ce qui pourrait faire l’objet d’une prochaine initiative cantonale en collaboration avec les Vert.e.s. Le parti revendique en outre l’introduction de la «règle verte», selon laquelle on ne peut prélever à la nature davantage que ce qu’elle peut reconstituer, et ne pas produire davantage que ce qu’elle peut supporter.

«En tant que parti défendant les travailleurs et travailleuses, nous sommes conscients que Holcim représente une centaine d’emplois qui permettent de faire vivre des familles. Afin de garantir une transition écologique ainsi que des alternatives viables au béton et au ciment, il nous paraît indispensable de nous assurer que les employés concernés puissent bénéficier d’une reconversion et d’une formation vers des emplois visant à une production plus écologique, afin qu’aucune perte d’emploi ne soit à déplorer», explique ainsi Christophe Grand, secrétaire cantonal de la formation.

Tout en regrettant l’intervention policière et rappelant qu’ils ont réussi à protéger durablement le sommet du Mormont dans le Plan Directeur des Carrières (PDCar), les Vert.e.s se disent prêts «à poursuivre leur combat». Ils corroborent l’idée du lancement d’une initiative populaire cantonale pour Sauver le Mormont et pousser communes et Canton à favoriser les alternatives au ciment dans leurs constructions avec toutes les actrices et tous les acteurs politiques et associatifs intéressé.e.s. «Les Zadistes ont fortement contribué à remettre en lumière la question fondamentale de la protection de notre patrimoine et de notre dépendance au ciment», souligne Alberto Mocchi, président du parti. On n’a pas fini d’entendre parler du Mormont.