Une vraie démocratie?

Opinion • Les élections sont normalement un moment de débat, d’échange. Et de manière abstraite, de *vie" pour la démocratie.

On le dit souvent ainsi pour la France: l’élection présidentielle est le moment où la démocratie peut s’exprimer. Dans notre pays de démocratie semi-directe, le peuple s’exprime tous les trois mois, et on ajoute aux votations lesdites élections. Mais on peut questionner ces élections.

La démocratie dans laquelle nous nous inscrivons est dite «représentative». C’est-à-dire que nous élisons des représentant.e.s qui vont ensuite choisir pour nous.  Ce mode de scrutin se justifie par différentes contraintes: une impossibilité de faire voter l’entier de la population sur tous les sujets pour des raisons logistiques, la nécessité d’avoir une vision «informée» de certains sujets fort pointus. Et probablement quelques autres raisons moins reluisantes comme la volonté des élu.e.s de ne pas perdre leur pouvoir.

Limites de la démocratie représentative

Pourtant, ce système montre régulièrement ses limites. D’une part, le dogme néolibéral mondialement dominant réduit la politique à un exercice de compromis dans le cadre de l’équilibre budgétaire – ce qui a tendance à brouiller les camps politiques des élu.e.s. Le Parti socialiste Français sous Hollande est un exemple flagrant de cette dérive, tout comme la vague des «ni de gauche ni de droite» à la Macron, qui prouve que les questions de société ne sont plus au cœur de l’appareil démocratique.

D’autre part et en conséquence, l’absentéisme grandissant prive les élus de leur légitimité. On a beau dire que ceux qui ne votent pas cautionnent, on peut se demander jusqu’à quel point l’argument tient, quel pourcentage minimal serait acceptable pour asseoir une forme de légitimité, et s’il ne faudrait pas réfléchir aux causes de cet absentéisme plutôt que blâmer les absentéistes.

Implication citoyenne

Cette réflexion, on est loin de l’avoir parmi nos élus. Des idées sont parfois timidement lancées – budgets participatifs, le terme à la mode actuellement – mais de réelles remises en question sont rares. Et pourtant il en existe. Par exemple, le tirage au sort qui permettrait d’en finir avec le copinage politique. Ou la révocation des élu.e.s. Le noncumul des mandats. La consultation sur forum Internet, etc. A notre époque, des moyens existent pour permettre à la population de s’impliquer davantage dans la vie politique.

Des partis dans certains pays s’y essaient. Ils sont essentiellement bien à gauche de l’échiquier politique, en Espagne ou en Islande, par exemple. Mais faute de redonner de la légitimité à une démocratie essoufflée, de plus en plus de personnes s’abstiendront, et de plus en plus de mobilisations verront le jour. Nous verrons si les élu.e.s de demain sont capables de penser à la «démocratie» au-delà du terme galvaudé qu’elle est devenue à présent.