Neutralité climatique, leurre des grands pollueurs

Environnement • Un rapport révèle que les promesses de neutralité climatique des entreprises qui contribuent le plus au réchauffement de la planète ne s’appuient sur aucune base réelle. (Par Alba Mareca, Paru sur climatica.lamarea.com adapté par la rédaction)

L’année écoulée a été riche en grandes promesses et en soi-disant plans pour enrayer la crise climatique. Les entreprises super-émettrices, contribuant le plus au réchauffement de la planète, ont mis en avant un programme «net zéro». Il est aussi appelé neutralité climatique. Et vise à compenser ce qui est émis. Ceci par le biais d’actions irréalistes et à très long terme… Aujourd’hui, un rapport révèle comment ces promesses cachent… des plans climatiques insuffisants qui, loin d’apporter une contribution, vont retarder l’action climatique.

Programme aux effets délétères

The Big Swindle (La grosse arnaque) est une étude publiée par Corporate Accountability, The Global Forest Coalition et Friends of the Earth International. Sa principale conclusion est que les grands pollueurs font la promotion d’un programme net zéro pour «retarder, nier et tromper». La communauté scientifique ainsi que les milieux universitaires et militants ont déjà manifesté leurs inquiétudes quant à l’orientation des politiques climatiques vers la neutralité climatique. Ils estiment que ces plans ne sont pas conformes à la réalisation de l’objectif principal de l’accord de Paris: limiter l’augmentation de la température mondiale à moins de 1,5°C.
Il ressort clairement de ce rapport que les objectifs des entreprises en matière de neutralité climatique ne sont souvent pas étayés par une des faits tangibles. Nombre d’entre ces objectifs sont trop ambigus et n’impliquent aucune réduction réelle des émissions. Ou ils relèvent de l’arithmétique impossible lorsqu’il n’y a pas assez de terres disponibles pour les compensations qui seraient nécessaires pour atteindre le zéro net.

Le rapport est construit à partir de l’analyse des plans d’industries polluantes clés. Ainsi les industries des combustibles fossiles et de l’énergie, celles de l’aviation et de la technologie. Mais aussi le commerce de détail et la distribution de biens de consommation. Sans oublier les industries financières et agroalimentaires. Le document passe également en revue certaines des stratégies utilisées par ces industries pour faire en sorte que leur programme «zéro émission» devienne un élément majeur de la réponse mondiale à la crise climatique.

Shell, Walmart, BlackRock

En termes de plans, la recherche se concentre sur Shell. Elle fut la première entreprise à être contrainte par les tribunaux à assumer la responsabilité de la crise climatique. D’ici 2030, la compagnie pétrolière prévoit d’acheter plus de compensations d’émissions que ce qui était disponible à partir de la pleine capacité du marché mondial de compensation volontaire du carbone en 2019.

Selon l’étude, le plan climatique de Walmart est «complètement négligeant à l’égard des émissions de sa chaîne de valeur». Ces émissions représentent environ 95% de l’empreinte carbone de l’entreprise américaine transnationale spécialisée dans la grande distribution. Parallèlement, le plus grand gestionnaire d’investissements au monde, BlackRock, s’est engagé à atteindre la neutralité climatique d’ici 2050, même si, en 2020, il prévoyait de vendre la plupart de ses stocks de combustibles fossiles «dans un avenir prévisible». La multinationale détient toujours 85 milliards de dollars de charbon.

Un autre des plans examinés par l’étude est celui du géant brésilien de la viande, JBS. Cette entreprise, impliquée dans la déforestation de l’Amazonie brésilienne, s’est engagée à mettre fin à cette pratique dans sa chaîne d’approvisionnement d’ici 2035. D’ici là, pendant 14 ans, elle continuera à contribuer à la déforestation au lieu d’y mettre fin immédiatement.

Institutions académiques sous influence

La recherche passe également en revue certaines des stratégies utilisées par ces industries pour s’assurer que leur programme «net zéro» devienne un élément majeur de la réponse mondiale à la crise climatique. L’une des principales consiste à commander des études universitaires afin d’influencer les règles relatives aux engagements nets zéro d’une manière qui nuit à leur efficacité globale.

Ainsi, le rapport révèle comment ces entreprises de combustibles fossiles et d’aviation ont exercé un lobbying intense pour obtenir l’adoption d’un crédit d’impôt aux Etats-Unis, appelé 45Q. Ce dernier subventionne le captage et le stockage du carbone. «Il est probable que ces mêmes sociétés ont obtenu des millions grâce à ce crédit, bien qu’elles n’y aient pas droit», indique le document.

En outre, certaines entreprises ont apporté des contributions financières massives à des établissements universitaires de renom, tels que le Massachusetts Institute of Technology, l’Université de Princeton, celle de Stanford et l’Imperial College de Londres, afin de façonner et d’influencer la recherche sur la consommation zéro.
Compagnie pétrolière largement montrée du doigt pour avoir nié le changement climatique depuis des décennies, Exxon Mobil en est un exemple. Elle s’est réservé le droit d’examiner officiellement les recherches avant qu’elles ne soient achevées. Dans certains cas, elle l’a fait pour inclure son propre personnel dans l’équipe de recherche du Global Climate and Energy Project de l’Université de Stanford.

‘La gran estafa’ de las grandes contaminadoras con la neutralidad climática

 

Rapport en français: www.corporateaccountability.org/