Un petit pas contre le sexisme

Neuchâtel • Début septembre, le Grand Conseil neuchâtelois a accepté une motion des groupes VertsPOP et socialistes demandant l’interdiction de la publicité sexiste dans l’espace public.

Les publicités sexistes sont toujours plus controversées dans les rues des cités suisses. (7Co)

Vaud et Bâle-Ville l’ont déjà intégrée à leur législation cantonale, l’interdiction de la publicité sexiste vient donc également d’être votée au sein du Parlement neuchâtelois. L’importance de ces clichés sexistes omniprésents dans l’imaginaire collectif a fait son chemin. Et le texte a aussi été soutenu par des élus du centre.

Un débat «dépassé»?

La motion a cependant trouvé opposition au sein du PLR et de l’UDC. Ceux-ci estiment le débat dépassé, tout en affirmant difficile de décider ce qu’est une publicité sexiste car «tout le monde en a une définition différente». Ces contradictions montrent bien que le débat est tout à fait actuel, et que s’attarder sur ce qu’en pensent les autorités et la population est nécessaire. Un article du média en ligne Watson relatant la décision neuchâteloise propose d’ailleurs un sondage révélant ces diversités d’opinions: 50% des sondés estiment qu’une publicité montrant une jeune femme nue, suspendue à un fil et vêtue uniquement d’un sac à main et de talons n’est pas sexiste, 38% disent que oui et 11% n’ont pas d’avis tranché.

S’inspirant de la législation vaudoise et des définitions appliquées dans ce canton, les groupes parlementaires ont ainsi proposé une commission consultative qui pourra être sollicitée par les communes en cas de besoin. La décision restera cependant entre leurs mains.
L’idée n’est ainsi pas de «légiférer sur ce que tout le monde trouve déplaisant» selon les termes d’une députée PLR. Mais de traiter un problème de société si profond que beaucoup ne voient même pas, ou ne savent pas qu’en penser. Il n’est donc pas question de l’opinion individuelle de chacun, mais d’une atteinte à l’inconscient collectif, résultant du trop-plein de ces images devenues normales et du manque de discussion à ce propos.

Un cadre légal n’est qu’un premier pas, mais cela donne une base sur laquelle agir en amont. Ainsi, une plainte peut être actuellement déposée contre une campagne publicitaire si elle est jugée sexiste, mais il n’existe aucun moyen de porter plainte contre la marque ou le publicitaire. En plus de ne pouvoir agir qu’après coup, cela remet la responsabilité sur l’entité lésée qui doit agir individuellement et sans cadre légal pour la soutenir. Inscrire ce principe dans la loi est donc une manière d’agir pour la collectivité, de pérenniser le travail fourni et de donner aux communes un cadre sur lequel se baser.

Quid de la publicité en ligne?

Afin de prendre en compte le domaine de la publicité virtuelle, probablement le plus problématique, la motion demande au Conseil d’Etat une réflexion quant à l’application de la loi à d’autres supports, tels que la presse en ligne et les médias audiovisuels. «Au vu de la complexité du domaine, nous ne voulions pas l’intégrer immédiatement à la motion» explique la députée verte Sera Pantillon.

Il n’est plus à prouver que les images omniprésentes dans notre quotidien impactent notre vision du monde ainsi que nos attentes, envers nous-mêmes et la société. Il sera important, dans les années à venir, d’ouvrir le débat avec la population à ce sujet afin de comprendre les impacts concrets de ces images – et possiblement d’aller vers un arrêt complet de la publicité, qui nous impose des buts capitalistes de richesse et de beauté comme les seules sources de bonheur. n