Bond vers l’égalité, maintien des inégalités

Votations • Après des années de lutte, le mariage s’ouvre à tous les couples. Pour l’égalité fiscale entre travail et capital, il faudra encore attendre.

«Malgré le non, nous avons réussi à lancer le débat essentiel de l’opposition entre le capital et le travail au sein de la population», estime Thomas Bruchez. (JSS)

Enfin! C’est ce qu’ont dû se dire nombre d’hommes et de femmes à l’issue du scrutin de dimanche dernier, qui place sur un pied d’égalité devant la loi leur couple et celui des personnes hétérosexuelles. Cela notamment dans les domaines de la naturalisation, de l’adoption et de l’accès à la procréation médicalement assistée. Avec plus de 64% de «oui» à la modification du code civile ouvrant le mariage à tous et toutes, la Suisse rejoint le club de la trentaine de pays dans le monde autorisant le mariage entre personnes du même sexe.

«Cela constitue une avancée majeure pour une société plus égalitaire et plus juste, un résultat remarquable issu de luttes sur plusieurs décennies, et que le PdT-POP ne peut que saluer», souligne Alexander Eniline, Président du parti genevois. Il ajoute, «nous saluons également le relatif consensus sur cet objet, mis à part l’extrême droite et les milieux obscurantistes, preuve d’un changement de climat idéologique bienvenu».

La lutte continue

Bien que le parti des travailleurs.euses se réjouisse de l’ouverture du mariage plébiscité par le peuple, il n’y voit pas la fin du combat, regrettant en particulier que le relatif consensus autour du mariage ne soit pas allé jusqu’à inclure des enjeux «tout aussi importants».

Ainsi la non-discrimination sur la base de l’identité de genre, les droits et la garantie de l’intégrité corporelle de personnes transgenres et intersexes, une pratique médicale sensibilisée à ces enjeux et plus respectueuse des droits de toutes et tous, ainsi qu’un accueil digne des réfugié.es LGBTQI+.

Alors que la population permettait au pays de faire un bond vers l’égalité matrimoniale, elle a parallèlement refusé l’égalité fiscale. C’est avec plus de 64% des voix qu’elle a rejeté l’initiative visant à «Alléger les impôts sur les salaires» et «imposer équitablement le capital», dite des «99%», de la Jeunesse socialiste suisse (JS). Celle-ci visait à ce que les revenus du capital soient plus fortement imposés lorsqu’ils sont élevés. Ainsi, lors du calcul de l’impôt, les parts du revenu du capital dépassant un certain montant auraient été pondérées plus fortement et comptées une fois et demie, chaque franc dépassant ce montant aurait été imposé comme s’il s’agissait de 1fr50.

La JS estime avoir lancé un débat «fondamental», même si la campagne de la droite «avivant les peurs» l’emporte. «Ce qui a été déterminant, ce n’est pas le rejet de la nécessité d’une répartition plus équitable des richesses, mais les millions dépensés par la droite dans une campagne répandant des peurs infondées», commente Thomas Bruchez, vice-président de la JS. Ceci à propos de la propagande de l’opposition. Celle-ci visait à faire croire (comme très souvent) que la classe moyenne et les petites entreprises seraient mises à mal. «Malgré le non dans les urnes, nous avons réussi à lancer le débat essentiel de l’opposition entre le capital et le travail au sein de la population», estime le socialiste.

Pour le Président du PdT-POP, qui soutenait l’initiative, «c’est une occasion manquée pour imposer un minimum de répartition des richesses, de mettre un frein à la concentration de la fortune et du pouvoir entre les mains d’une infime minorité devenue inouïe». Il rappelle que tandis qu’un petit groupe de privilégié.es accumule des fortunes colossales, «c’est autant de travailleuses et travailleurs qui sont spoliés des richesses que leur travail est seul à produire; c’est autant d’argent qui manque pour les services publics, les prestations sociales, pour faire face à la crise et au changement climatique.»

Initiative lancée

Alexander Eniline reste toutefois convaincu qu’une initiative plus ciblée, c’est-à-dire donnant moins de prise à la désinformation, aurait toutes ses chances. «C’est l’objet de l’initiative commune de la gauche et des syndicats à Genève pour une contribution temporaire de solidarité sur les grandes fortunes, élaborée sur proposition du Parti du Travail, relève-t-il. Elle a été lancée cette semaine ». Avant de conclure affirmant que «la lutte se poursuivra jusqu’à ce que la société devienne réellement égalitaire et respectueuse de toutes les personnes et des droits de toutes et tous».