L’UE voulait saluer une putschiste

Bolivie • Le Parlement européen décerne chaque année son Prix Sakharov «pour les droits humains et la liberté d’expression». Parmi les nominés de cette année figurait la putschiste bolivienne Jeanine Añez. (Par Paris Kyritsis)

Jeanine Añez, présidente usurpatrice de Bolivie en 2019. Noticias Al Dia)

Dirigeante non élue de la Bolivie entre novembre 2019 et novembre 2020, Jeanine Añez a accédé à ce poste suite à un coup d’Etat contre le président socialiste Evo Morales. Coup d’Etat orchestré, comme il a été prouvé, par les classes aisées du pays, leurs relais de droite et d’extrême-droite, avec le plein soutien des Etats-Unis.

L’histoire reste jusque-là tout à fait classique pour le continent sud-américain, si ce n’est que le peuple bolivien n’a pas baissé les bras et a réussi à chasser Jeanine Añez du pouvoir aux élections de novembre 2020, remettant aux commandes le parti Mouvement pour le Socialisme d’Evo Morales. La situation a donc mal tourné pour Jeanine Añez, mais elle pouvait compter sur le Parlement européen pour lui offrir un possible lot de consolation symbolique. Cette idée de nomination est venue des parlementaires de Vox, mais elle a été également soutenue par des eurodéputés… sociaux-démocrates.

Nous pourrions rire de cette présence de Jeanine Añez sur la liste des nominés pour la consoler de sa carrière ratée de dictatrice. Mais le fait que la proposition émane du seul organe élu de l’UE, et que ce prix puisse porter le sous-titre de «prix pour les droits humains et la liberté d’expression» ne devrait pas manquer de rendre les sourires amers. Et de révéler à quel point les institutions européennes ne sont qu’un outil supplémentaire aux mains des puissants pour maintenir leur domination, soit elle symbolique et teintée de «droits humains», sur les classes populaires du monde entier.

Le prix Sakharov 2021 a été décerné à Alexeï Navalny, ndlr