Des routes en déroute?

Neuchâtel • Il a fallu chercher pour savoir pourquoi «H» pour désigner «Hauptstrasse». La Hauptstrasse 18 est la route principale reliant Bâle à la Chaux-de-Fonds, route de contournement soumise au vote le 28 novembre.

C’est anecdotique, mais cela me permet de poser le propos: notre pays a développé un réseau routier dense durant des décennies. A part les Valaisans, qui finiront peut-être leur autoroute en 2026, même les Jurassiens ont réussi à se relier au reste du pays. Aurais-je préféré que nous ayons, à la place, des systèmes ferroviaires quadrillant le territoire? Bien sûr. Des transports publics dignes de Zurich dans chaque ville? Evidemment.

De la connexion aux problèmes

Mais notre réseau routier façonne notre pays et pose les bases de son fonctionnement, comme pour tous les autres pays d’ailleurs. Les routes sont l’un des nombreux facteurs permettant d’expliquer l’expansion romaine antique. Bien avant d’être un problème écologique, la route était un symbole de connexion au reste du monde. De rupture de l’isolement. Et ce n’est pas pour rien que certains projets de développement en région pauvre impliquent la création de routes.

Or nos routes ont à présent une autre signification. Les connexions qu’elles permettent induisent un trafic important, dont les conséquences sont évidemment écologiques, mais également sociales. Beaucoup de personnes «pendulent», ce qui implique une perte de recettes fiscales pour les communes qui fournissent des emplois. La vie locale est réduite de toutes les personnes qui vont habiter «à la campagne» et les commerces locaux en souffrent.

Conséquences négatives

Les employés sont soumis à une concurrence élargie puisqu’il est possible de recruter sur un bassin de population plus large. Ils ne peuvent contrebalancer cela qu’en acceptant de penduler à leur tour. Et les personnes qui conduisent tous les jours pour aller travailler sacrifient du temps de vie pour du temps d’accès au travail non rémunéré.

Donc oui, nos routes ont un impact négatif sur de nombreux aspects de notre société, en regard duquel leurs avantages semblent aujourd’hui faibles. Mais c’est bien l’entier de notre société suisse qui est modelé ainsi. Et un changement de paradigme doit se faire à l’échelle du pays. Davantage de transports publics. De meilleures cadences. Une campagne mieux desservie par les bus. Moins de fraudes chez CarPostal etc.

Contournements

Rejeter la spécifique H18, dont le but est de vider d’une partie de son trafic la ville de la Chaux-de-fonds pour «changer le système», c’est ne pas vouloir couper un arbre pourri pour sauver l’environnement. Le trafic citadin devrait idéalement être remplacé par l’usage du transport public.

Mais il ne le sera pas avant des années et seulement si une politique volontaire nationale et cantonale s’y attaque. En attendant cette politique, c’est bien par des contournements, des zones piétonnes et des aménagements de conduite que l’on pourra faire avancer des projets à l’échelle locale. Lausanne l’a bien compris, qui a rendu le trafic pénible en son centre et passe tout son trafic nocturne à 30 km/h.