Au Nicaragua, «mon pire ami» a gagné et c’est tant mieux!

Il faut le dire • Ce ne sont pas tellement les 75% de voix obtenues par le FSLN qui sont significatives mais bien les 65% de participation.

Dirigeant historique du Front Sandiniste de Libération Nationale (FSLN), Daniel Ortega a remporté les élections présidentielles. Tout semble avoir été dit sur ces élections, discréditées, traitées de farce par Joe Biden notamment. Il faut dire que le FSLN ne nous a pas aidé, nous qui avons un regard externe mais de soutien critique, en ne renouvelant pas sa direction politique, proposant encore et encore la même tête vieillissante! Et en réécrivant l’histoire des affrontements de 2018, ne parlant que d’une tentative de coup d’Etat.

Certes, la droite pilotée et financée par les Etats-Unis a pensé pouvoir profiter d’une erreur politique pour renverser Ortega, convaincue que le peuple suivrait. Mais trois ans plus tard, le FSLN ne parle plus de ce qui a mis le feu aux poudres: une réforme des retraites tout sauf sociale, promulguée par décret présidentiel, voulue d’ailleurs par le FMI. Cela a surpris et fâché tout le monde et les gens sont descendus dans la rue. La police a voulu remettre de l’ordre, en tirant quelques jours à balles réelles… avec des morts, et dès lors une escalade déplorable.

Et comble, Ortega a «fait emprisonné» les leaders de l’opposition les plus farouches qui recevaient un financement extérieur, contraires aux lois locales. C’est de fait, la justice qui a agi, mais est-elle indépendante? On a le droit d’avoir des doutes.

Dès lors, c’est périlleux et j’entends déjà tant de mes amis me décrier d’oser dire que c’est malgré tout le moindre mal de voir Ortega réélu. En effet, depuis 2018, les opposants n’ont rien fait d’autre que de critiquer la «dictature ortéguiste». Et de se disputer le leadership, sans qu’aucune figure n’arrive à s’imposer. Nul projet politique alternatif ne montre une ouverture. Ou n’est doté d’un souffle rénovateur.

Pendant ce temps, le gouvernement a su remettre l’économie en marche. Il a profité de son système de santé très décentralisé pour répondre de manière adéquate à la pandémie, réussissant à vacciner plus de la moitié de la population. Depuis 15 ans, les infrastructures du pays se sont largement améliorées. L’électrification a ainsi atteint plus de 90% de la population. Et compte 80% d’énergie renouvelable, alors qu’elle était à 80% à base de pétrole en 2006. La santé et l’éducation sont gratuites et il y a une vraie sécurité alimentaire puisque le Nicaragua produit plus d’aliments qu’il n’en consomme.

Ce ne sont pas tellement les 75% de voix obtenues par le FSLN qui sont significatives mais bien les 65% de participation. Ce taux montre que Ortega représente, pour une large majorité de la population encore et toujours, un espoir de vie meilleure.

Et l’acharnement de l’Oncle Sam, peu importe le président, contre Cuba, la Bolivie, le Pérou, le Venezuela, mais aussi le Brésil de Lula ou le Mexique de Obrador tout comme le Nicaragua de Ortega pourrait donner un peu de crédit à mon soutien au FSLN.