Volontariste a l’heure des crises

Suisse • En congrès à Monthey, le PST-POP entend renforcer son organisation pour améliorer sa stature et son assise nationales.

«Il faut aussi signaler un renouvellement profond de la direction, qui a permis d’intégrer des travailleurs.euses et des jeunes militant.es dans une ambiance d’unité constructive», souligne Alexander Eniline. (PKs)

A l ’occasion de son 24e congrès, qui s’est tenu en Valais, le Parti suisse du Travail – Parti ouvrier et populaire (PST-POP) a renouvelé sa direction. Le Genevois Alexander Eniline et la Neuchâteloise Amanda Ioset assureront une co-présidence, en remplacement du Vaudois Gavriel Pinson, maître d’œuvre pendant une dizaine d’années. Tout en discutant de son bilan politique des quatre dernières années et approuvant les thèses pour le renforcement du parti dans le contexte actuel caractérisé «par un capitalisme en crise à tous les niveaux: économique, politique, social et écologique», le parti a aussi annoncé vouloir se rapprocher des travailleurs, diffusant un appel vidéo (sans résolu- tion écrite) en faveur des grévistes de la société de livraison de repas Smood et favoriser les liens avec la jeunesse du parti.

Le congrès a prévu d’élaborer un nouveau programme politique «pour un changement révolutionnaire de la société et la construction du socialisme en Suisse». La rencontre a permis de réfléchir à l’organisation du parti et de prévoir une ligne graphique unifiée pour la Suisse.

Alexander Eniline Il faut aussi signaler un renouvellement profond de la direction, qui a permis d’intégrer des travailleurs et des jeunes militant.es dans une ambiance d’unité constructive. Cela s’ajoute à la progression de notre parti en Suisse, avec la création depuis deux ans d’un POP Valais, d’une nouvelle section à Bâle et prochainement une autre en Argovie. A l’occasion du congrès, nous avons décidé de distribuer le travail au sein du Comité directeur en six départements: l’organisation interne du parti, celle des travailleurs en lien avec les syndicats, la ligne politique, la communication, la formation interne, la solidarité et les relations internationales. Avec cette réorganisation, l’objectif est d’unifier le parti et lui permettre de donner des impulsions aux sections cantonales, comme cela a été le cas avec notre campagne pour une taxe Corona de solidarité sur les grosses fortunes.

Mais encore…

Nous envisageons de produire une nouvelle analyse du capitalisme suisse, maillon essentiel du capitalisme mondial, pour nous réapproprier des questions économiques et des conditions de travail. Pour l’heure, il est encore difficile de prévoir la tournure des événements, de savoir si l’inflation ou la récession vont s’installer, mais il est clair que l’on assiste bien à une crise structurelle du capitalisme, avec des enjeux climatiques fondamentaux auxquels il ne sait pas répondre. Même le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) (1) annonce qu’il faut changer de système.

L’année prochaine, nous voterons sur l’AVS (augmentation de l’âge de la retraite des femmes, baisse du taux minimal de conversion du 2e pilier, 13e rente AVS). Les relations avec l’UE seront aussi au centre des débats. Comment le parti s’engagera-t-il sur ces sujets?

En ce qui concerne les retraites, nous sommes toujours partisans d’une fusion du 2e pilier dans l’AVS. Ceci pour mettre fin à la capitalisation de l’assurance-vieillesse et en revenir à un principe de solidarité intergénérationnelle. Afin de lancer une telle initiative, nous avons besoin de partenaires fiables dans tous les cantons. Pour l’heure, ce n’est pas le cas.

En ce qui concerne l’Union européenne, «Saint- Empire capitaliste ordolibéral et essentiellement antidémocratique», notre position reste, contrairement aux Verts et Socialistes, un refus net d’adhésion à l’UE. Nous avons un avis critique sur les bilatérales. Elles ne profitent, malgré les mesures d’accompagnement, qu’aux entreprises, au détriment des travailleurs. Sans clause sociale véritable, ces bilatérales resteront anti-sociales.

Un des enjeux fondamentaux reste l’avenir écologique de la planète. La Grève du Climat porte des revendications justes, mais ne peut par elle- même conduire au changement de système auquel elle aspire. Pour nous, la solution ne peut passer par le capitalisme vert, mais par le socialisme et la fin de la quête du profit à tout prix.

La représentante de l’association de solidarité Alba Suiza (Cuba) a rappelé que les Etats-Unis avançaient leurs pions en Amérique latine. Cela à travers des structures comme l’Organisation des Etats Américains. Où en est l’internationalisme du PST-POP?

L’internationalisme est la pierre angulaire de notre engagement. Nous soutenons la révolution cubaine depuis des décennies. Nous nous réjouissons d’ailleurs que le Conseil national ait adopté en mars un postulat de sa commission demandant que la Suisse s’engage contre le blocus étasunien de l’île.

A occasion du congrès, des partis communistes et ouvriers de pays européens tels que le Parti communiste allemand, le Parti communiste fran-çais, le Parti communiste portugais, le Parti du travail belge et le Parti de la refondation socialiste de Turquie étaient présents et nous voulons renfoncer ces liens. L’internationalisme implique aussi le devoir de solidarité avec toutes les personnes que les guerres et les ravages du capitalisme forcent à fuir leur pays. Voilà pourquoi nous participons au référendum contre l’augmentation de la contribution suisse à Frontex, agence de police des frontières.

Les élections neuchâteloises ont vu les Verts progresser au détriment du PS comme à Fribourg. Le conseiller national du parti, Denis de la Reussille, fait partie du groupe des Verts à Berne. Ce principe de travailler avec ces deux formations est-il acquis?

Nous n’excluons aucune alliance, et elles sont discutées au niveau des cantons, mais il est important de savoir dans quel but on la fait. Nos objectifs sont de faire avancer nos combats, en gardant notre identité, et d’éviter de se fondre dans une gauche plurielle illisible.

1 Le GIEC est l’organe international chargé d’analyser scientifiquement les changements climatiques. Il a été établi en 1988 par l’Organisation météorologique mondiale et le Programme des Nations Unies pour l’environnement, ndlr.