Corriger les lacunes du salaire minimum

Tessin • Face aux faiblesses du salaire minimum dans le canton, le PS, le PC, le POP et les Vert.es lancent une nouvelle initiative cantonale pour un salaire de 21,50 francs de l’heure.

En 2015, une initiative des Vert.es avait été approuvée par le peuple, inscrivant la nécessité d’un salaire minimum dans la constitution. Toutefois, le texte constitutionnel proposé contenait une faille importante: la possibilité de déroger au salaire minimum légal par le biais d’une convention collective. En 2019, le parlement tessinois a finalement approuvé l’introduction d’un salaire minimum, prévoyant un salaire de 19 francs horaire (qui serait passé à 20 frs en 2024), appliqué dans les secteurs où n’existait aucune convention collective de travail (CCT).

Dérogation combattue

Une dérogation qui ne plaît pas à la gauche. Sous l’impulsion du POP, du PS, du Parti communiste et des Vert.es ont décidé de lancer nouvelle initiative Pour un salaire minimum social au Tessin. «Nous proposons un salaire minimum à 21,50 francs de l’heure, ce qui serait au-dessus du seuil de la sécurité sociale pour 42 heures par semaine, afin qu’une personne qui travaille n’ait pas à demander de l’aide sociale. Avec notre proposition, de nombreuses conventions collectives (métallurgie, horlogerie, restauration, vente, mode…) devront être adaptées ou deviendront superflues, poussant ainsi les syndicats sur un terrain plus combatif, ce qui profiterait également aux travailleurs», a expliqué Léo Schmid du POP. Les initiants ont cité une analyse publiée en 2019 dans le bimensuel syndical Area, selon laquelle cette mesure apportera «une bouffée d’oxygène à plus de 20’000 personnes qui gagnent moins de 21 francs de l’heure, dont 65% de femmes, employées dans notre canton notamment dans les secteurs de l’industrie, de l’administration et du commerce».

Dumping salarial

Avec le lancement de l’initiative, le comité d’initiative, également soutenu par le syndicat SSP, «entend mettre un terme aux inégalités qui existent au Tessin et tenter de remédier à la situation de dumping salarial que les entreprises, avec le soutien des partis de droite, ont maintenu au fil des ans dans le secteur industriel, mais qui s’étend également au secteur tertiaire, empêchant de fait les jeunes de notre canton de trouver un emploi avec un salaire leur permettant de vivre au Tessin», conclut le communiqué envoyé à l’issue de la conférence de presse de lancement de fin octobre.