Et l’asile pour les personnes LGBTIQA+?

Mobilisation • Une pétition internationale émanant d’organisations féministes veut que l’UE et la Suisse reconnaissent les motifs d’asile spécifiques aux femmes, filles et personnes LGBTIQA+.

Un droit d’asile spécifique pour les femmes est revendiqué par la coalition internationale Feminist Asylum. (DR)

«Je suis partie de mon pays à cause du mariage forcé. En Iran, si on veut dénoncer une agression à la police, il faut arriver avec des témoins. Même en cas de viol, si 10 hommes violent une femme, celle-ci doit avoir des témoins. Sauf s’ils avouent par eux-mêmes… En Suisse, j’ai été mise au foyer des Tattes, à Genève. J’y étais pendant 3 ans et demi. C’était horrible. Un responsable de bâtiment voulait que j’aille au sous-sol avec lui pour recevoir un travail. Il m’a touchée un peu, je l’ai regardé, il a arrêté», tel est le témoignage d’une réfugiée iranienne, arrivée en Suisse en 2015, avec un permis B depuis 2018 et recueilli par la Coalition internationale Feminist Asylum.

Pétition continentale

La semaine dernière, l’association, avec l’appui de nombreux collectifs en Suisse et en Europe comme la Marche mondiale des femmes, a lancé une pétition à l’échelle du continent à l’intention de la Commission européenne, du Parlement européen, du Conseil européen et de tous les gouvernements nationaux de l’espace Schengen, dont la Suisse. «Les motifs de demande d’asile liés aux violences fondées sur le genre ne sont pas pris en considération, soit parce que les conditions d’audition et d’analyse ne sont pas propices à la mise en évidence de ces violences spécifiques, soit parce que ces obligations d’accueil sont ignorées par les représentants des autorités nationales», relève la Coalition.

Elle demande que les motifs d’asile spécifiques aux femmes, aux filles et aux personnes LGBTQIA+ soient effectivement reconnus. Et de préciser ces spécificités. Elles vont des violences sexuelles et sexistes (notamment les violences domestiques) à l’exploitation sexuelle, en passant par le mariage forcé, les mutilations génitales, la traite humaine, les législations discriminatoires, la répudiation, la privation de leurs enfants.

Peine de mort

Le texte réclame le déploiement, tant au niveau européen que national, de moyens nécessaires à la mise en place de procédures et de structures adéquates pour cette catégorie de la population, mais aussi l’application effective de la Convention d’Istanbul (sur la prévention et la lutte contre la violence à égard des femmes et la violence domestique) et de la Convention sur la lutte contre la traite des êtres humains. Mais aussi la garantie d’accès au droit d’asile dans les pays européens pour les femmes, les filles et les personnes LGBTIQA+, notamment avec «des espaces leur permettant de s’isoler en toute sécurité/protégeant leur sphère privée». «En 2021, les personnes LGBTIQ+ risquent la peine de mort de manière effective ou possible dans 11 pays et dans 57 autres, elles concourent le risque d’être emprisonnée entre 8 et 10 ans», explique Lisette Garcia, coprésidente de l’association Asile LGBTIQ+ et Réfugiée statutaire en Suisse.

Pétition à signer sur www.feministasylum.org