Parole de soignant avant votation

Neuchâtel • Cette semaine, la parole est à un militant du POP neuchâtelois, assistant en soins et santé communautaires à l’hôpital Pourtalès. (Par Mathieu Agresta et Léa Aligizakis)

Mathieu Agresta nous a représentés dans le comité local de l’initiative «Pour des soins infirmiers forts» la semaine dernière. Lors de la conférence de presse, il a eu l’occasion de lire un courrier retraçant le parcours du combattant du personnel soignant dans un système de santé basé sur le profit. Les conséquences, ce sont la population et les employé.es qui les paient au quotidien: les hospitalisations et la charge de travail augmentent drastiquement, alors que toujours moins de moyens sont mis à disposition pour guérir et prévenir les problèmes de santé – y compris ceux de nos soignantes et soignants.

Augmentation de la population âgée

Nous publions ainsi cet appel à un réel soutien au personnel soignant, qui passe notamment par un OUI aux soins infirmiers forts le 28 novembre: «Les soignants sont à bout de souffle, ils sont inquiets. Le terrain et les statistiques nous montrent que le point culminant a été atteint. La sécurité de notre propre population et de notre personnel soignant est en péril, et plusieurs facteurs ont entraîné cela:

Premièrement, la suppression du nombre de lits d’hôpitaux, ainsi que des hôpitaux régionaux, à but de profit ces dernières années, ont augmenté la charge de travail des soignantes et soignants. La diminution du nombre de médecins traitants par habitant.e a provoqué une saturation dans tous les services, stationnaires comme ambulatoires.

Il y a également un facteur démographique: en 20 ans, la population de plus de 65 ans est passée de 28’000 à 35’000 individus, une population qui a besoin de plus de soins. Le quota de patientèle a donc beaucoup augmenté: en 1998, il y avait 1082 places d’hôpital pour 28’824 hospitalisations annuelles, contre 590 places en hôpital pour 23’261 hospitalisations annuelles en 2019. Depuis 2013, le nombre de patient.es admis.es aux urgences dans le canton est également passé de 30’000 à 48’000.

Exploitation au travail

Les conditions de travail se sont ainsi largement péjorées, la charge de travail a quintuplé et les indemnités salariales ont été baissées ou supprimées dans la plupart des métiers de la santé. C’est une situation infernale pour le personnel soignant, une véritable exploitation. Le Covid et ses répercussions ont également eu un impact dangereux sur leur santé physique et mentale: les travailleuses et travailleurs se mettent en danger constamment. Certain.es ont dû travailler alors qu’elles.ils étaient positifs au Covid pour subvenir aux besoins des institutions, ils.elles ont dû être flexibles, créer et appliquer une nouvelle organisation dans l’urgence pour pouvoir prendre en charge les patient.es touché.es par la pandémie. Ils et elles ont dû faire face au manque de matériel (notamment dans les EMS où certains ont dû acheter leur propre matériel de protection – désinfectant, blouse, masques, gants, etc.) et ont dû augmenter leurs temps de travail (parfois quelques heures, parfois des journées entières), à n’importe quel moment et sans qu’aucune prime ne leur soit accordée. Certain.es, à risque et âgé.es, sont en première ligne. Un tel système n’est pas viable et inhumain: les soignant.es ne peuvent pas rester en santé, encore moins s’occuper de celle des autres, dans de telles conditions.

Impact de la pandémie

Les conséquences du Covid ont aussi entraîné des situations difficiles dues à l’isolement de la population. De plus en plus les soignant.es sont confronté.es à des situations psychiatriques comme des troubles anxieux, dépressions, et tentatives de suicide. En plus de tout cela, l’évolution au sein des métiers de la santé est restreinte et difficiles d’accès car notre système de santé n’est pas capable de former assez de soignantes et soignants, ni de les garder.
Pour terminer, des démissions par vague ont déjà commencé et sont attendues dans les mois à venir. Si l’initiative sur les soins infirmiers ne passe pas, la chute du système sera telle que la prise en charge de la santé de notre population sera dignement impossible, et la préservation des métiers de la santé sera encore plus mise en danger.

Au nom du POP, au nom du personnel soignant, nous demandons aux électeur.trices de dire oui à l’initiative sur les soins infirmiers. Vive le personnel soignant et la lutte sanitaire pour le peuple suisse.