Sebastián Piñera sauve sa peau au Sénat

Chili • Menacé de destitution du fait de son implication dans le scandale des Pandora’s Papers, le président chilien Sebastian Piñera est finalement sauvé par le sénat.

Cinq jours avant les élections générales au Chili, le président conservateur Sebastián Piñera a sauvé sa peau. La semaine dernière, la chambre des députés avait approuvé sa mise en accusation par 78 voix, le minimum requis, suite aux irrégularités présumées dans la vente du projet minier Minera Dominga, comme l’ont confirmé les Pandora’s Papers. Ceux-ci montrent que la compagnie minière avait été vendue en 2010 par une société détenue par les enfants du chef de l’Etat à un homme d’affaires, ami du président, pour 152 millions de dollars, une transaction opérée aux îles Vierges britanniques. Cette semaine, l’opposition n’a pas réussi à obtenir les 29 voix nécessaires pour le destituer. «Je suis pleinement convaincue que les accusations constitutionnelles doivent être portées dans des situations exceptionnelles, en particulier dans le cas de la première autorité démocratiquement élue du pays. Mais nous sommes confrontés à un président, qui a mené des actions, qui pourraient impliquer de graves dommages environnementaux, tout en tordant l’institution du pays pour développer des entreprises dans lesquelles il a des intérêts», a lancé la sénatrice socialiste, Isabel Allende. «Après la vente de la société minière, de nouvelles informations ont été mises au jour, qui révèlent pour le moins un traitement privilégié de ce projet. Cela viole le principe de probité», a renchéri le sénateur Juan Ignacio Latorre de Revolution démocratique.

«Bien que cela dérange le président, il n’y a pas de délai qui ne soit pas respecté et pas de dette qui ne soit pas payée. Si aujourd’hui l’accusation est rejetée, nous continuerons à insister à travers tous les mécanismes institutionnels et internationaux», a menacé Gael Yeomans (CS), membre du Frente Amplio (gauche). En vain.

Ces passes d’armes s’inscrivent dans le climat politique chilien des dernières heures d’une campagne polarisée, ouverte et compétitive, où les principaux favoris – selon les derniers sondages – sont Gabriel Boric, le candidat du Frente Amplio et du Parti communiste, et le leader du Parti républicain d’extrême droite, José Antonio Kast.