Le cinéma palestinien revient en force à Genève

Cinéma • Du 26 novembre au 3 décembre se tiendra à Genève la dixième édition des Rencontres cinématographiques «Palestine Filmer, c’est exister» (PFCE). Les 10 ans de ce festival seront célébrés avec une édition augmentée, tant en nombre de films projetés qu’en nombre de débats avec les cinéastes palestiniens invités dans les salles du Spoutnik et de la Maison des Arts du Grütli. (Par Tobia Schnebli)

"Ambulance" de Mohamed Jabaly. (DR)

L’édition anniversaire se conclura le 3 décembre à la Gravière, avec une soirée «cinéma et musique» avec les concerts live des Partisans du Hip Hop et des rappeuses libano-suisse La Gale et anglo-palestinienne Shadia Mansour. L’édition 2021 est plus consistante aussi parce qu’en plus des films choisis cette année, elle reprend la programmation de 2020, qui n’a pas eu lieu en raison du covid.

La situation toute particulière du confinement et de l’enfermement depuis le printemps 2020 avait guidé le choix du «fil rouge» thématique de cette édition. Le titre était «Palestine : confinement depuis 72 ans». Cette année, PFCE a juste ajouté une année et une interrogation: «Palestine: confinement depuis 73 ans… Comment le peuple palestinien fait-il pour résister depuis si longtemps?»

Pour offrir des réponses, le festival a choisi de porter un regard spécial sur Gaza, qui vit une forme de confinement peut-être la plus totale et la plus brutale au monde avec le film Ambulance de Mohamed Jabaly (qui sera à Genève) et le film Gaza dans la section «regards d’ailleurs» avec les portraits de la vie quotidienne de plusieurs Gazaouis.

Surtout, le comité de programmation a porté une attention particulière aux relations inter-générationnelles. On les retrouve dans beaucoup de films (de Mahdi Fleifel, de Kamal Aljafari, de Tamara Abu Laban, de Omar Shargawi, et de Ameen Nayfeh, tous présents à Genève). Ces films effectuent aussi tout un travail pour la reconstruction de la mémoire collective des Palestiniens, mémoire et histoire que l’Etat d’Israël, nouveau maitre des lieux, tente d’effacer depuis 73 ans. Ce travail de mémoire est essentiel pour résister à l’enfermement et à l’effacement.

Cris de révolte

Dans les relations entre générations apparaissent avec force dans beaucoup de films aussi les espoirs et les cris de révolte des jeunes générations. Et on retrouvera cette dynamique dans la soirée de clôture du 3 décembre à la Gravière avec les «lance-pierres» du Hip Hop Palestinien, à l’écran et en concert live.

Cette dixième édition offre aussi une forte résonance avec les évènements qui ont secoué et embrasé une nouvelle fois la Palestine au mois de mai de cette année, quand notamment les jeunes générations de Palestiniens ont manifesté aux quatre coins de la Palestine.

Morcelée, enfermée ou expulsée de ses maisons dans les Territoires occupés de Cisjordanie et de Gaza, dans les camps de réfugiés des Palestiniens exilé, dans les villes palestiniennes annexées comme Jérusalem-Est ou devenues israéliennes, mais avec une minorité palestinienne comme Jaffa, Haïfa, Ramle, la population palestinienne est descendue dans les rues pour manifester sa révolte face à la politique d’enfermement et de confinement jusqu’à l’effacement mis en œuvre par l’Etat, les colons et l’armée israéliens.

Beaucoup de films traitent des situations dans chacune de ces régions, villes ou camps. Ils montrent non seulement la brutalité et les tragédies vécues, mais aussi de la résistance et des espoirs face à l’effacement programmé. Souvent les films dévoilent aussi des récits ironiques, faits avec humour et même autodérision inhérents à la culture du peuple palestinien, où qu’il se trouve.

Découvrez le programme:
https://palestine-fce.ch