Maximisation des profits: un peu de décence!

Il faut le dire • La poignée de pays récalcitrants va à l’encontre de la centaine d’autres, soutenus par de nombreux anciens chefs d’Etats, des lauréats de prix Nobel, du Parlement européen et des membres du Congrès américain, qui défendent la vie humaine plutôt que le profit.

A l’occasion du sommet ministériel de l’OMC, qui n’a finalement pas eu lieu du fait des risques liés au variant Omicron et sera reporté en mars, un collectif réuni autour de l’exigence «Pas de profit sur le Covid» a mené une action symbolique sur la Place des Nations à Genève cette semaine. Disposant des chaises devant l’ONU, configurant le chiffre de 10’000, nombre de morts quotidiens de la pandémie encore aujourd’hui, les participant.es ont appelé à une levée temporaire des droits intellectuels sur les vaccins anti-Covid, traitements et tests. Lors d’une conférence de presse, les représentant.es d’une douzaine d’organisations de la société civile ont expliqué leurs griefs. Les pays du Sud sont touchés de plein fouet par ce que Sangeeta Shashikant, de Third World Network, appelle «une obstruction mondiale de la part des pays riches, qui ont vacciné la majorité de leur population». Et Fatima Hassan, d’Health Justice Initiative d’Afrique du Sud, a souligné qu’en tant que personne qui a grandi dans un pays d’apartheid, il s’agissait bien ici d’un «apartheid vaccinal». Il est prouvé que ces restrictions d’accès aux médicaments favorisent l’apparition de nouveaux variants du Covid.

Pas de quoi ébranler certains pays proches des géants de l’industrie pharmaceutique, comme l’Union européenne, la Grande-Bretagne, la Norvège, l’Allemagne ou la Suisse, qui ne veulent pas entendre parler de cette levée temporaire sur le droit des brevets. «Qui voudra encore investir des milliards dans la recherche et un bon médicament, si un concurrent peut attendre une formule et la copier?», martèle, de façon très cynique, Michèle Sierro, porte-parole d’Interpharma sur les ondes de la RTS. Un faux-fuyant que dénonce Richard Hill, de l’Association for Proper Internet Governance, qui rappelle que les vaccins Covid ont largement été financés par des fonds de recherches publics. «En réalité, Big Pharma agit rationnellement dans le cadre du système capitaliste afin de maximiser la valeur pour ses actionnaires, c’est-à-dire pour maximiser le prix des actions», accuse-t-il. La poignée de pays récalcitrants va à l’encontre de la centaine d’autres, soutenus par de nombreux anciens chefs d’Etats, des lauréats de prix Nobel, du Parlement européen et des membres du Congrès américain, qui défendent la vie humaine plutôt que le profit.