Recrudescence d’intoxications au GHB

Neuchâtel • L’inquiétude monte quant aux cas d’intoxications au GHB dans des boîtes de nuit du canton.

Collage sur la passerelle au-dessus de la gare de Neuchâtel. (DR)

Cinq plaintes pénales ont été déposées, et deux groupes parlementaires ont interpellé le Conseil d’Etat pour tenter de contrecarrer cette situation. Depuis novembre, un nouveau rituel hebdomadaire fait son apparition sur mes réseaux sociaux le dimanche: des amies et connaissances annoncent s’être fait droguer au GHB pendant le week-end. Elles en parlent pour prévenir et appeler à la prudence, le tout mêlé à un sentiment d’impuissance face à un phénomène qui semble incontrôlable – y compris pour la police et les autorités.

Preuves difficiles à rassembler

La drogue du violeur est le plus souvent insérée dans les verres laissés sans surveillance, mais d’autres biais semblent faire leur apparition comme des piqures presque imperceptibles et très difficilement traçables. Le GHB a d’abord des effets ressemblant à ceux de l’alcool: forte ébriété suivie d’une importante fatigue, qui laisse la personne consciente, mais passive et incapable de se défendre. La personne n’aura pas de souvenirs de la période sous drogue à son réveil. Celle-ci est de plus difficile à tracer car rapidement évacuée par le corps. A moins de faire un test dans les heures qui suivent la prise, prouver les faits est impossible.

Si le phénomène existe depuis longtemps, une vague d’intoxication a donc lieu en ce moment et crée un climat de peur constante, particulièrement pour les femmes. Mais les victimes commencent à prendre la parole, et à dénoncer pénalement leurs agressions afin que celles-ci aient de véritables conséquences.

Les groupes VertsPOP et UDC sont également intervenus au Grand conseil afin de remédier à cette situation, bien que les stratégies ne soient (évidemment) pas les mêmes. Alors que l’UDC souhaite punir davantage les trafiquants, le groupe VertsPOP demande des mesures de prévention telles qu’une «campagne d’affichage dans les lieux concernés, la formation du personnel des établissements de nuit ou encore l’instauration de protections réutilisables pour les verres» comme l’annonce Cloé Dutoit (Les Verts) à la RTS.

Attaques machistes?

Ces dernières années, les combats sociaux et notamment féministes prennent de l’ampleur et la parole se libère. Les repères changent, et certains ont le sentiment «qu’ils ne peuvent plus rien dire ni faire». Est-ce une motivation pour les agresseurs? Est-ce qu’empêcher une personne d’agir de son plein gré, la laisser à la merci des agressions sans aucune conséquence, ne leur donnerait pas ce sentiment de toute-puissance qu’ils auraient «perdu»?
Une fois de plus, nous devons faire face ensemble à un système dysfonctionnel. Un système qui met en danger sa population en inculquant les iniquités de genres, en nous faisant croire que l’on est soit chasseur, soit proie. Cette politique tue, littéralement. Nous avons besoin d’un système qui fait de l’équité de genres et du respect de tout un chacun une priorité, que ce soit au travail, dans nos vies privées, dans la rue, ou lors de nos sorties. Il est temps de construire une société où des insécurités aussi flagrantes et dangereuses n’ont plus leur place.