Soutenir le référendum sur Frontex

Suisse • Cette semaine, le comité référendaire annonçait avoir récolté 38’000 signatures. Il en manque donc 12’000 qui doivent être récoltées d'ici au 19 janvier.

En Suisse, la majorité de droite du Parlement a malheureusement décidé lors de sa session d’automne d’augmenter de 24 à 61 millions de francs sa contribution au budget de l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, connue sous le nom de Frontex, pour renforcer ses actions. Environ 60 gardes-frontières devraient être mobilisés pour intensifier la gestion de contrôle des frontières. Pour rappel, cette agence, créée en 2004, a pour mission de protéger les frontières européennes face à la migration irrégulière. Toutefois, cette politique de sécurisation soulève de nombreux problèmes du point de vue des droits fondamentaux. En effet, il s’avère que Frontex transgresse régulièrement plusieurs principes, notamment celui de non-refoulement codifié par la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés.

Cette Convention internationale, ratifiée par tous les Etats européens, y compris la Suisse, garantit juridiquement à une personne réfugiée le droit de demander l’asile à un pays tiers. Or, Frontex n’hésite souvent pas à repousser les réfugié.es vers l’extérieur de l’UE pour les empêcher précisément d’entamer une procédure d’asile. De fait, Frontex est mandatée pour participer activement à une logique d’externalisation de la gestion migratoire auprès des pays tiers (Turquie, Maroc, Libye, etc.) afin de diminuer les entrées des réfugié.es sur le territoire européen.

Cette logique sécuritaire met en péril non seulement nos institutions démocratiques, mais surtout la vie des réfugié.es qui traversent des frontières dangereuses, en particulier en Mer Méditerranée. Le parlement européen semble l’avoir bien compris. Cette crainte pourrait expliquer pourquoi il a refusé en avril 2021 d’approuver le budget 2019 de l’organisation.

Un peu partout dans le monde et y compris en Europe, le populisme d’extrême-droite, fidèle à ses habitudes, prône activement le rejet des migrant.es. Au lieu d’encourager une inflation sécuritaire, le Conseil fédéral pourrait augmenter les contingents de réinstallation afin d’accueillir davantage de personnes exilées. Une autre réponse pourrait être la réintroduction des demandes d’asile auprès des ambassades suisses. Actuellement, cette procédure est interdite. Les visas humanitaires sont délivrés au compte-gouttes par les autorités suisses. Pourtant, ces deux procédures diminueraient fortement les risques et les conséquences chaotiques inhérents à la migration irrégulière.

Le référendum «No Frontex» a été lancé le 12 octobre 2021 par Migrant Solidarity Network. Appuyé par de nombreuses organisations de défense des droits et des intérêts des migrant.es, par le Parti socialiste et par les Vert.es suisses, il arrive donc très bientôt à échéance. Il mérite très fortement d’être soutenu. Les impôts des citoyens et citoyennes suisses n’ont pas à financer, qui plus est par un montant si élevé, une agence sécuritaire très contestée. Notre pays doit défendre les valeurs humanistes et sa tradition humanitaire.

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Signataires: Samson Yemane (PS), Emmanuel Deonna (PS) Co-signataires: Ada Marra (PS), Christian Dandrès (PS), Nicolas Walder (Les Verts), Lisa Mazzone (Les Verts), Pierre-Alain Fridez (PS), Jean Ziegler (PS), Delphine Klopfenstein Broggini (Les Verts), Samuel Bendahan (PS), Elisabeth Baume-Schneider (PS), Laurence Fehlmann Rielle (PS), Carlo Sommaruga (PS), Christophe Clivaz (Les Verts), Stefanie Prezioso Batou (Ensemble à Gauche), David Payot (POP), Bertrand Buchs (Le Centre), Jean Batou (Ensemble à Gauche), Jocelyne Haller (Ensemble à Gauche), Pascal Holenweg (PS), Benedict Amsellem-Ossipow (Les Verts), Florio Togni, Carine Carvalho Arruda (PS), Erica Deuber Ziegler (PdT), Céline Misiego (POP), Jean-Charles Rielle (PS), Julien Eggenberger (PS), Tobia Schnebli (PdT)