Le projet delémontin d’usine de bioéthanol fait des vagues.
Des militants du Collectif altermondialiste et d’Attac ont été les invités surprise d’une manifestation clôturant dimanche la « Semaine de goût » dans le Jura. Renommée par eux « Semaine du mauvais goût », les militants ont remis au maire de Delémont, Pierre Kohler, le prix du « navet d’or ». « Ce prix est à remettre à vos amis du PDC, PLR et UDC, qui ont rejeté en bloc au parlement jurassien le moratoire sur les agrocarburants ce mercredi », a déclaré Frédéric Charpié au nom du groupe.
La gauche jurassienne s’oppose en effet à la construction dans la capitale du canton d’une usine de bioéthanol, qui raffinerait du biocarburant issu de canne à sucre brésilienne (notre édition du 8 mai). La semaine dernière, par 35 voix contre 21, le Grand Conseil a rejeté une motion déposée par Erica Hennequin du groupe CS-POP-Verts demandant un moratoire de 5 ans sur la production d’agrocarburants. Le ministre de l’économie Michel Probst a défendu le projet en soulignant qu’il était conforme à la législation fédérale et profitable à la région.
Pour Frédéric Charpié cependant, « on ne peut raisonnablement échanger 20 emplois et quelques millions contre des centaines de milliers de morts et le rasage du poumon de l’humanité ». « Vous les féliciterez solennellement d’avoir commis un crime humanitaire et écologique sans précédent contre le plus sordide des bénéfices », a déclaré le militant au maire de Delémont avant de l’inviter à tout entreprendre pour éviter que la Suisse n’offre « repaire aux affameurs et destructeurs de la planète ».
Battus au Parlement, les opposants continuent la lutte dans la rue. Le 16 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, un « train contre la faim » circulera de Genève à Delémont. Une manifestation se tiendra dans cette ville l’après-midi à la place de la Gare.