Un vrai travail de boucher

Le Conseil d'Etat a décapité le Conseil d'administration d'Hôpital neuchâtelois aux profits de néophytes.

Le Conseil d’Etat a décapité le Conseil d’administration d’Hôpital neuchâtelois aux profits de néophytes.

Six nouveaux membres arrivent au conseil alors qu’une seule reste à sa place. Cette mesure sera-t-elle suffisante pour calmer les inquiétudes de la population et du personnel de l’institution ? Les mois qui viendront le diront.

Fâcheusement, la mesure du gouvernement fait croire que toutes les difficultés de la restructuration de l’hôpital provenaient du dysfonctionnement du Conseil d’administration. Certes, l’ancienne équipe était conduite par des personnes convaincues des rapports de pouvoir entre supérieurs et subordonnés.

Malgré cela, d’autres raisons plus profondes expliquent les difficultés rencontrées dans la transformation de la politique de la santé neuchâteloise.

L’introduction de la libre circulation des patients dans tous les hôpitaux, que la Confédération a décidée, laisse apparaître un état d’esprit directement inspiré du libéralisme. Seule la concurrence fait progresser le genre humain et permet la transformation des services d’intérêt public vers la rentabilité.

A cela s’ajoute le frein aux dépenses provenant de la même stupide croyance. Le Conseil d’Etat externalise les services publics, c’est-à-dire qu’il les sort du giron des services administratifs, les rend « davantage autonomes » dans leur gestion et en confie la gestion à des conseils d’administrations. Cependant, il fixe les objectifs financiers et les délais à respecter.

Une large majorité politique a soutenu cette ligne de conduite et il ne faudrait pas l’oublier car c’est elle qui préside aux choix. Pourtant, le nouveau Conseil d’administration ne comptera plus de représentants politiques. Certains regrettent déjà cette décision qui sépare les politiques, par qui tout le mal arrive, des technocrates, par qui tout se résout. L’absence de représentants politiques pourrait faire reculer les obstacles plutôt que les résoudre. Au même moment du changement au Conseil d’administration, la fermeture de la maternité de La Chaux-de-Fonds se concrétise. Désormais le centre mère-enfant existe à Neuchâtel. Malgré le choix du Conseil d’Etat de le faire remonter à La Chaux-de-Fonds dans quelques années, personne n’y croit.

Redonner confiance aux patients, redonner sa fierté au personnel

Enfin, que penser d’un Conseil d’administration formé, à part un de ses membres, de personnes ne connaissant que peut ou partiellement les problèmes de la santé publique. Saura-t-il trouver les moyens nécessaires pour résoudre les conflits ouverts et larvés de la grande transformation.

L’atout principal des nouveaux responsables réside dans leur volonté d’améliorer les relations. La présidente, Claudia Moreno, est la cheffe d’une entreprise de management des personnes dans les entreprises. Elle se veut être une facilitatrice des coordinations lorsqu’apparaissent des difficultés. Le vice-président, professeur à la Haute école de la santé La Source, dit qu’il faut redonner confiance aux patients et redonner sa fierté au personnel. La tâche sera difficile.

Que sur sept membres trois soient des femmes permettra peut-être un mode de fonctionnement dans lequel les confrontations de pouvoir seront moins nombreuses.