L’horaire bloc n’emporte pas vraiment une adhésion en bloc

Le Canton veut former des Stakhanov dès l'école enfantine.

Le Canton veut former des Stakhanov dès l’école enfantine.

La presse neuchâteloise du 3 juin évoquait la future introduction de l’horaire bloc à l’école enfantine.

Actuellement, les enfants suivent l’école à raison de 2 matins de 3 périodes et 2 après-midi de 2 périodes auxquels s’ajoutent toutes les deux semaines une matinée, soit 11,5 périodes en tout. Le projet prévoit 4 matins de 4 périodes, soit 16 périodes par semaine. Ce projet inquiète des maîtresses, qui ont écrit à Philippe Gnaegi, le magistrat en charge de l’Education. Elles estiment que les enfants de cet âge sont encore trop jeunes pour suivre quatre périodes de suite : « Un enfant de 4 ans a un temps d’attention très court », écrivent-elles dans leur lettre au conseiller d’Etat. Après trois périodes, l’enfant « est déjà au bout de sa capacité de s’adapter dans un groupe, de respecter les régulations et d’écouter les consignes ». Pour elles, « passer à quatre périodes met l’enfant face à un effort supplémentaire qui risque de se traduire par un irrespect des règles de vie, une montée d’agressivité et une baisse d’attention ».

Les concepteurs de ce projet refusent l’hypothèse que ces horaires blocs vont poser problème. L’école enfantine se caractérise par la liberté d’organiser le temps selon les élèves et les enseignantes savent le faire, disent-ils.

Les maîtresses ont rencontré Philippe Gnaegi pour lui faire part de leurs craintes. Pour le libéral-radical, Neuchâtel doit rattraper son retard (!) sur les autres cantons. Il cite Fribourg, qui a 13 périodes en première enfantine, et le Valais, qui en a 18, mais sans parler des cantons qui ont une application plus basse ! Il ajoute que les parents sont en général favorables à l’horaire bloc car il leur permet de mieux s’organiser. Philippe Gnaegi admet que le problème à résoudre est celui du manque de structures d’accueil parascolaire. Mais les économies budgétaires étant la préoccupation principale du gouvernement, ces structures sont loin d’être au programme, ce qu’il ne dit pas.

« Avec les horaires actuels à l’école enfantine, c’est l’horreur pour les parents au niveau de l’organisation familiale », assure la déléguée à la politique familiale du Canton, Nicole Baur, citée par L’Express / L’Impartial. « Nous voulons une harmonisation et une simplification des horaires. L’Association des parents d’élèves y est également favorable », explique-t-elle en relevant que 70% des mères de famille ont une activité professionnelle. Le nombre de familles en difficulté n’est lui, par contre, pas estimé. L’horaire bloc ayant été introduit dans plusieurs cantons, comme Genève et Vaud, « il n’y a pas de raison que les petits Neuchâtelois n’y arrivent pas », selon la haute fonctionnaire. « Je comprends que les maîtresses d’école enfantine s’inquiètent et défendent leur pédagogie, mais elles devraient pouvoir s’adapter. »

Contraire au bon sens

Certes, beaucoup de parents jonglent avec des places de travail précaires souvent éloignées du domicile. Le regroupement de l’horaire scolaire répond à ces besoins, mais répond-il aux intérêts fondamentaux des enfants ? Cette question ne semble guère évoquée. Par ailleurs, est-il bien raisonnable de vouloir des enfants à la condition qu’ils n’empêchent pas la réalisation de nos rêves et de nos ambitions ? L’horaire bloc est respectueux des règles libérales, mais contraire au bon sens.