« Je m’engage pour que l’on se préoccupe des plus faibles »

Le 31 octobre prochain, les électeurs neuchâtelois sont invités à élire un nouveau conseiller d'Etat après la démission de Frédéric Hainard. Pour reprendre la majorité au gouvernement, toute la gauche s'est rangée derrière la candidature de Patrick Erard. Agé de 50 ans, ce maître d'éducation physique et doyen a siégé durant dix ans au Conseil général de La Chaux-de-Fonds. Ecologiste, il est chef du groupe POP-VertsSol au Grand Conseil. Trois questions.

Le 31 octobre prochain, les électeurs neuchâtelois sont invités à élire un nouveau conseiller d’Etat après la démission de Frédéric Hainard. Pour reprendre la majorité au gouvernement, toute la gauche s’est rangée derrière la candidature de Patrick Erard. Agé de 50 ans, ce maître d’éducation physique et doyen a siégé durant dix ans au Conseil général de La Chaux-de-Fonds. Ecologiste, il est chef du groupe POP-VertsSol au Grand Conseil. Trois questions.

Quels projets vous tiennent-ils à cœur de réaliser au Conseil d’Etat ?
Patrick Erard En prenant le train en marche et compte tenu de l’avancement de nombreux dossiers, il paraît assez difficile d’imaginer réaliser de nombreux projets dans les deux années que compte cette législature. Il ne s’agit pas d’un constat d’impuissance, mais bel et bien de réalisme. De plus, il n’est pas encore clair de quel département je pourrais hériter.
Une élection d’un candidat de la gauche plurielle est surtout un pas positif pour établir un lien fort entre le parlement et le gouvernement. Ce nouvel équilibre retrouvé offrirait une alternative crédible à une cohabitation qui a largement montré ses limites.
Je souhaite piloter la réforme en cours avec humanisme et bon sens, guider une politique qui place la cohésion cantonale en filigrane de toutes réflexions, redonner confiance à l’administration et la population afin de retrouver un nouvel allant. Que ce soit dans les projets Harmos, HNe, TransRUN par exemple, j’ambitionne d’influencer des décisions, fruit du dialogue retrouvé et avec la participation des communes.

Quel est l’homme, ou la femme, politique contemporain pour lequel vous avez le plus d’estime ?
L’estime que l’on porte pour un politicien ou une politicienne dépend largement du contexte. J’apprécie la pugnacité d’un Daniel Cohn-Bendit, le sens du dialogue et l’ouverture d’un Bernhard Pulver (conseiller d’Etat vert bernois), la faconde et l’esprit brillant d’un Daniel Brélaz ou d’un Robert Cramer.
Mais pour l’estime au sens que je lui mets, et il ne s’agit pas de brosse à reluire pour votre lectorat, je pense à Alain Bringolf. J’ai de l’admiration pour le politicien, qui malgré ses nombreuses responsabilités, a toujours su rester lui-même et considérer que sa position lui donnait plutôt des devoirs que des droits.
Fernand Cuche était aussi de ceux qui ne changent pas en endossant l’habit de magistrat. Mais plus que de l’estime, je lui porte de l’amitié.

Etes-vous plutôt « développement durable » ou « décroissance » ? Pensez-vous qu’il est possible de répondre à l’urgence climatique, à la diminution des ressources et à la pauvreté dans le cadre socio-économique actuel ou, qu’au contraire, une remise en cause radicale de notre mode de vie, de la production et des échanges est nécessaire ?
Un certain fatalisme m’habite concernant la question de l’avenir de notre planète. Le développement durable est un concept qui a été largement galvaudé et on a permis tout et son contraire dans sa mise en œuvre. A mon niveau, je m’engage pour que l’on évite d’inutilement gaspiller les ressources, que l’on se préoccupe des plus faibles et que l’économie soit au service de l’homme.
Quant à la décroissance, ce terme n’a pas du tout la même signification que l’on habite la Suisse ou actuellement Haïti ou le Pakistan (sans oublier l’Afrique, etc.). L’idée que l’on pourrait passer d’une croissance quantitative à une croissance qualitative, avec à la place d’un PIB un BIB – bonheur intérieur brut – me séduit.
Cependant, sans vouloir crier au complot néolibéral universel, j’observe que le pouvoir est actuellement dans les mains de personnes qui n’ont aucun intérêt à ce que cela change. Il est par conséquent extrêmement difficile d’agir au niveau planétaire. Cela ne signifie pas que l’on doit baisser les bras. Je préfère cependant me concentrer sur l’action locale.