Le renouvellement du Parlement doit servir le changement

Le 24 octobre, les Jurassiens élisent leurs députés. La gauche combative veut se renforcer.

Le 24 octobre, les Jurassiens élisent leurs députés. La gauche combative veut se renforcer.

Comme dans la plupart des élections à la proportionnelle en Suisse, on ne s’attend pas à de grands bouleversements. En ce qui concerne les quatre principaux partis (PDC, 19 sièges ; PS, 13 ; PLR, 11 ; chrétiens-sociaux,9), il est difficile de faire des prévisions. Les « affaires » (« pornogate », police, …) affaibliront-elles électoralement le PDC ? Ce n’est pas sûr.

Parmi les petits partis (CS-POP, 3 sièges ; Verts, 2 ; UDC, 3), deux sont presque assurés de gagner au moins un siège. L’UDC avait échoué d’extrême justesse dans le district de Porrentruy. Cette fois, elle s’est alliée à deux groupuscules de droite (dont l’UDF) qui avaient présenté chacun une liste il y a quatre ans. Quant aux Verts, ils se présentaient dans le district de Delémont pour la première fois en 2006 avec une petite liste de 10 candidats et une campagne discrète. Ils avaient obtenu très largement un siège. Cette année, ils ont une liste complète de 29 candidats, ratissant large, car on y trouve des personnes plutôt à droite et d’autres se situant personnellement très nettement à gauche. Un second siège à Delémont semble très probable.

La liste Combat socialiste – Parti ouvrier et populaire ne sera présente que dans le district de Delémont. L’ambition est évidemment d’y conquérir un quatrième siège, mais ce sera difficile. Il faut déjà assurer les trois sièges, condition pour pouvoir former un groupe parlementaire. Parmi les cinq députés ou suppléants élus en 2006, Rémy Meury, qui a été la « locomotive » du groupe CS-POP (puis CS-POP-Verts), et Jérôme Corbat (qui a quitté le Parlement à mi-législature) ne peuvent pas se représenter pour des raisons de limitation de mandat à trois législatures. C’est une perte importante, mais le très motivé secrétaire d’Unia Transjurane, Pierluigi Fedele sera de la course.

De nouvelles têtes au CS-POP

De nouvelles têtes feront aussi leur apparition par rapport à la liste de 2006. Nous ne citerons ici que les plus connues pour leurs activités politiques ou syndicales : André Parrat, brillamment réélu au Conseil communal (exécutif) de Delémont il y a deux ans, Thomas Sauvain, secrétaire de l’Union syndicale jurassienne, Jean-Pierre Petignat, secrétaire syndical retraité, qui a déjà siégé au Parlement pendant 24 ans dans les rangs socialistes.

Liste paritaire

Du point de vue hommes-femmes, s’il y équilibre entre les nombres de candidates et de candidats (14 et 15), ça risque de ne pas être le cas au niveau des élus. Depuis quelques années, la représentation parlementaire de CS-POP, au canton et en ville de Delémont, est exclusivement masculine ou presque, ce qui n’était pas du tout le cas il y a 10 ou 20 ans. Espérons que cela change au moins un peu !

Un autre militant de CS-POP se présente aux Franches-Montagnes. Il s’agit du député Clovis Brahier, de Lajoux, élu en 2006 sur la liste socialiste, qui a décidé de quitter le PS pour aller plus à gauche. Avant le refus des Verts de s’engager à reconduire le groupe parlementaire CS-POP-Verts, CS-POP avait proposé une liste commune avec les Verts, les apparentements n’étant pas possibles. Ceux-ci l’ayant refusée, une liste CS-POP a été envisagée, mais les risques d’échouer et d’affaiblir la représentation de la gauche franc-montagnarde ont fait renoncer. L’option liste commune avec le PS a aussi été discutée, mais elle a rencontré entre autres un obstacle légal, l’impossibilité pour des élus d’une même liste de siéger dans des groupes différents. CS-POP a donc renoncé, tout en laissant la liberté à ses membres de se présenter personnellement sur la liste socialiste. Clovis Brahier l’a fait, tout en annonçant sa nouvelle couleur et son intention de développer le mouvement CS-POP aux Franches-Montagnes. S’il est réélu, il devra faire partie du groupe parlementaire socialiste. Mais il contribuera au renforcement de la gauche combative au Parlement et dans les Franches-Montagnes.

Jean-Pierre Kohler

« La crise doit servir à faire évoluer le canton »

Licenciée en sciences politiques, Jeanne Beuret est travailleuse sociale dans un centre d’animation de femmes migrantes à Porrentruy. Elle est membre du POP depuis 2 ans et candidate au Parlement. Interview d’une prétendante qui estime « qu’il reste toujours aussi difficile pour une femme de se faire élire dans le canton du Jura ».

Touché par un fort taux de chômage, le Jura est le canton qui a le plus massivement refusé la révision de la Loi sur le chômage. Quelles sont vos propositions de relance économique et de lutte contre le chômage ?
Jeanne Beuret Il est important d’apporter des solutions novatrices dans la lutte contre le chômage et contre ses conséquences qui sont la précarisation de la population. De mon point de vue et de celui du groupe CS-POP, il faut commencer par favoriser des réductions de l’horaire de travail dans les entreprises, mais aussi promouvoir la formation continue et l’augmentation des places d’apprentissage. L’Etat a son rôle à jouer. Il doit aider en priorité les entreprises avec CCT. La banque cantonale doit aussi investir pour favoriser la relance, notamment dans des secteurs comme ceux des services publics (crèches, hôpitaux) ou du patrimoine cantonal (bâtiments et routes). La crise doit servir à évoluer et à opérer une reconversion écologique des entreprises et des places de travail. Pour l’heure, ce n’est pas la ligne que suit la majorité bourgeoise du canton qui a instauré une politique d’austérité et de réduction des impôts pour les plus riches.

En tant que femme, que proposez-vous pour favoriser l’égalité homme/femme dans le canton ?
Le canton du Jura dispose d’un bureau de l’égalité depuis trente ans, ainsi que d’une association pour la réinsertion des femmes, mais il reste beaucoup à faire. La revendication la plus importante a trait aux places de crèches qui sont en nombre insuffisant. Il faut aussi réduire leurs prix. J’estime qu’il faut aussi octroyer automatiquement des subsides d’assurance maladie pour les femmes seules avec enfant à charge. Pour le reste, nos revendications restent celles des femmes des autres cantons, soit la revendication de l’égalité salariale et une vraie reconnaissance du travail domestique.

Propos recueillis par Joël Depommier

Le groupe CS-POP : petit, mais costaud !

On l’entend à nouveau pendant cette campagne, CS-POP a des idées intéressantes, mais est trop petit pour avoir une réelle influence au Parlement. C’est faux. CS-POP est une véritable force de propositions. Son influence est tout à fait perceptible. Les cinq élus de CS-POP ont déposé plus de cent interventions. La plus forte proportion en regard du nombre d’élus.

Une activité intense couronnée de nombreux succès. Si l’on s’intéresse uniquement aux interventions sanctionnées par un vote (postulats, motions, résolutions, etc.), CS-POP en a développé à ce jour 26, dont 19 ont été acceptées par le Parlement. 6 de ces succès ont été remportés contre l’avis du Gouvernement. Un résultat exceptionnel pour un groupe non gouvernemental. Ces interventions portaient sur des sujets de société dans lesquels les principes que défend CS-POP depuis toujours se retrouvent.

L’une a empêché l’introduction de tarifs exorbitants et antisociaux dans les crèches jurassiennes. Dans le même domaine, CS-POP a fait reconnaître l’importance du travail des assistantes parentales (anciennement mamans de jour) des crèches à domicile, qui s’est déjà traduite par une augmentation du salaire horaire qui leur est versé. Constatant que nombre de familles connaissent de grandes difficultés pour financer les études de leurs enfants, les députés de CS-POP ont obtenu que les bourses soient versées avant que la taxation finale des demandeurs soit connue.

CS-POP a aussi réussi à interdire la garde armée sur le territoire jurassien. Il a encore imposé au Gouvernement d’intervenir auprès de la Loterie Romande pour qu’elle propose des mesures de prévention à la dépendance au jeu liée aux machines « Tactilo ». CS-POP a enfin obtenu que les nominations sur appel, facilitant le copinage, soient rendues quasiment impossibles dans l’administration.CS-POP est influent. Il le sera d’autant plus que sa représentation grandira. N’hésitez pas, le 24 octobre, votez CS-POP au Parlement et au Gouvernement.

Rémy Meury