Les jeux sont faits, mais la politique continue

Analyse de l'élection complémentaire au Conseil d'Etat après l'échec du candidat de la gauche.

Analyse de l’élection complémentaire au Conseil d’Etat après l’échec du candidat de la gauche.

La majorité politique de l’exécutif du canton reste contraire à celle du législatif. Ainsi en a décidé la majorité des 37% de participants au second tour de l’élection complémentaire au Conseil d’Etat neuchâtelois.

A l’issue du premier tour, le POP soulignait, dans un communiqué, à quel point l’insuffisante mobilisation des « forces » de gauche avait empêché Patrick Erard d’être élu. Le second tour n’a pas suffit à regrouper entièrement les absents. Plusieurs raisons expliquent cet échec.

La campagne de Patrick Erard manquait singulièrement d’engagement et de détermination pour la différencier de celle du candidat libéral. Il n’y a presque pas eu de débats publics ni de mots d’ordre alternatifs. Pas de quoi mobiliser l’électorat progressiste.

Les partis de gauche étaient formellement regroupés derrière le candidat vert, président du groupe PopVertsSol au parlement. Il avait la difficile tâche d’unifier les divers partis situés à gauche de l’échiquier. Rappelons que les socialistes ne voulaient pas courir le risque d’avoir un troisième représentant au Conseil d’Etat et que ni le POP ni solidaritéS ne présentaient de candidat.

Soutien variable à Patrick Erard

Cependant, ce soutien était variable. Au premier tour, solidaritéS, a plutôt soutenu la candidate indépendante Martine Kurt et n’a appelé à voter pour Patrick Erard qu’au second tour.

Les socialistes étaient divisés, entre ceux qui ne voulaient pas d’un troisième socialiste, ceux qui pensaient que le groupe PopVertsSol serait plus tranquille avec un de ses représentants aux commandes, ceux qui ne voulaient pas cautionner un représentant jugé faible politiquement et pas assez combatif et ceux qui ont participé correctement à la stratégie.

Le POP a joué le jeu au mieux de ses moyens dans les régions ou il possède des sections.

Cette panoplie de positions a fait le jeu du libéral Grosjean, homme sympathique, proche des gens et situé au centre droit et qui présentait les caractéristiques nécessaires pour faire oublier Hainard le turbulent.
En poussant l’analyse, force est de revenir sur le mode d’élection du Conseil d’Etat. Bien que démocratique, laisser au peuple le choix d’élire les membres de l’exécutif ne provoque-t-elle pas la confusion des mandats ? Plusieurs popistes estiment que cette procédure ne correspond pas à la logique d’un parlement censé représenter les habitants et d’un gouvernement censé appliquer les décisions parlementaires. Aux dernières élections cantonales, la gauche du Grand conseil a gagné quelques sièges grâce aux Verts, au POP et à solidaritéS. La logique voudrait que la même représentation se trouve au Conseil d’Etat. Ce serait le cas si les députés élisaient les conseillers d’Etat, ce qui renforcerait le rôle politique du parlement. Un changement de règles qui constituerait un approfondissement de la démocratie.

Préciser la notion de gauche plurielle

Pour les popistes, la différence de vote entre les villes et les campagnes reste préoccupante. Pour y faire face, ils envisagent de se donner les moyens de créer de nouvelles sections dans les villages. L’intérêt politique de base ne peut se faire qu’au niveau communal.

Ces réflexions ont conduit le POP à approfondir sa politique en définissant trois thèmes pour ses prochaines réunions :
- Comment et où créer de nouvelles sections ;
- Préciser la notion de gauche plurielle ;
- Définir les objectifs pour les prochaines échéances électorales.

Dans un comité cantonal, les participants se sont engagés pour que le parti fasse mieux connaître sa politique et ses valeurs de base. « Ce n’est qu’en popularisant ce en quoi nous croyons, que nous nous nous ferons mieux connaître et qu’il sera possible de mieux répandre nos valeurs », a dit une jeune militante. « Faire de la politique, c’est aller dans la rue, c’est parler avec les gens, c’est avoir une présence physique dans la population », a souligné un autre. De belles conclusions pour continuer l’action politique.