Le budget de près de 2 milliards, refusé par les libéraux, affiche un découvert de 15,4 millions.

C’est par 70 voix contre 34 et 9 abstentions que le Grand Conseil neuchâtelois a adopté le budget 2011. Il se caractérise par un excédent de charges de 15,4 millions de francs. Ce résultat respecte les mécanismes du frein à l’endettement et il a permis à la gauche de grappiller quelques deniers pour des objectifs qui lui tenaient à cœur.

Ces intentions étaient annoncées et les quotidiens neuchâtelois extrayaient du rapport de la commission financière la position des libéraux, qui dénonçaient « une attitude clientéliste de la gauche », comme si leur propre attitude n’est pas clientéliste lorsqu’ils servent les intérêts des entreprises et des autres secteurs financiers de la société ! La gauche a fait passer des amendements concernant des augmentations pour aider Tourisme neuchâtelois (+500’000 frs), le fonds culturel et artistique (+300’000 frs) et le Musée d’archéologie pour ses expositions temporaires (+100’000 frs).

16,2 millions de report de charge

Il est intéressant de savoir que la révision de l’assurance maladie pénalise à elle seule les finances cantonales de 16,2 millions. Le budget contient également les effets de la loi sur l’assurance chômage qui vient d’être acceptée et qui fait supporter aux cantons certaines dépenses assurées jusqu’alors par la Confédération.

Opposée aux amendements de la gauche, une partie des libéraux-radicaux et l’UDC ont refusé le budget. Rappelons que mardi, la droite avait causé le rejet d’un rapport du gouvernement pour sauver le service d’aide et de soins à domicile (Nomad) en empêchant le Parlement d’atteindre la majorité qualifiée.

Concernant Nomad, le député chaux-de-fonnier du POP Daniel Ziegler estime que « le PLR a voulu marquer sa mauvaise humeur et donner un coup de semonce, mais il s’est lamentablement raté ». Les libéraux pensaient que le crédit passerait même si une partie d’entre eux votait contre. Cependant, « ils ont été trop nombreux à succomber aux sirènes de la subversion et il n’y avait plus assez de voix pour assurer la majorité qualifiée nécessaire. Bref, c’était le bac à sable qu’ils dénonçaient eux-mêmes il y a quelques mois encore. » Sur le fond ce n’est pas trop grave, estime Daniel Ziegler, car la conseillère d’Etat Gisèle Ory reviendra devant le Parlement avec deux demandes de crédit supplémentaire urgent l’an prochain. Ainsi l’exigence de majorité qualifiée sera évitée. « Quant à la forme, elle illustre le néant politique actuel de la droite. » Pour le budget 2011, « ils ont mieux calculé, mais l’attitude est restée la même : irresponsable. Parce que, sur un budget de près de 2 milliards, la gauche a fait passer pour moins de 1 million d’amendements pour Tourisme neuchâtelois et la culture. » Ainsi une majorité des députés libéraux a refusé le budget débouchant sur le résultat paradoxal que « c’est la gauche qui a assuré le budget d’un gouvernement à majorité libérale ! »

Et l’enseignant du POP de conclure : « Je me réjouis de retrouver mes élèves demain : ce jardin d’enfants m’afflige. »