Le canton veut regrouper son pôle judiciaire à La Chaux-de-fonds.

La Chaux-de-Fonds pourrait recevoir le futur pôle judiciaire du canton. Cette décision à venir est la conséquence du nouveau code de procédure pénale de la Confédération. Dans un premier temps, les tribunaux neuchâtelois commenceront par se regrouper en deux tribunaux régionaux, l’un en Haut, l’autre en Bas. Puis le Conseil d’Etat veut créer une seule unité dans la métropole horlogère.

Le Grand conseil avait refusé cette idée, mais Jean Studer revient avec l’appui d’une étude démontrant « tout l’avantage de cette solution ». Cette fusion devrait être économe malgré un investissement de 22 millions pour construire le bâtiment près de la gare de la métropole horlogère. Bien entendu, l’autorité exécutive exprime sa satisfaction pour ce choix « tourné vers l’avenir ». Celle de la Ville de Neuchâtel approuve également cette idée, malgré son regret de « la perte de proximité qu’elle entraînera pour les justiciables du Bas ».

L’éditorial du 10 décembre des quotidiens neuchâtelois soutient le projet car « Neuchâtel n’a plus les moyens de s’offrir des doublons ». Voilà lâché l’argument choc. Le terme « tendance » qui justifie toutes les réductions de prestations locales. Aujourd’hui, il n’est plus possible d’offrir à deux endroits des services semblables sous peine de devenir des doublons, il n’y a que les grandes surfaces pour faire exception !

Logique absurde

En poussant à l’absurde cette tendance, un pôle judiciaire sans doublons devrait se situer à Berne pour notre pays. Car si chaque canton en possède un, rendez-vous compte du nombre insupportable de doublons que cela occasionne ? Et pourquoi ne pas en prévoir un seul pour l’Europe, voir un seul pour la planète ? Et puis, chaque village n’est-il pas le doublon d’un autre ? Chaque pays le doublon d’un autre, chaque être humain le doublon d’un autre ? Une seule radio, une seule TV, une seule langue universelle (l’anglais) pour enfin résoudre les dysfonctionnements économiques.

Lorsqu’on ne supprime pas des doublons, on crée des fusions. Les communes fusionnent, les cantons réfléchissent à fusionner, les entreprises fusionnent, bref, la fusionnite existe partout. Mais dans la pratique, que signifient pour les habitants d’une commune, d’un canton ou d’une entreprise les suppressions de doublons et les fusions ? Une perte de proximité, une complication des démarches à entreprendre, un éloignement des prises de décisions avec les désagréments individuels comme dégâts collatéraux. Ces mesures prétendent agir pour économiser les dépenses publiques. Pourquoi faut-il économiser les dépenses publiques ? Pour permettre de baisser le taux d’imposition des entreprises et des plus riches.

Ainsi, cette maladie, toute capitaliste, de suppression des doublons et d’extension des fusions favorise in fine la mainmise des plus riches contre les plus pauvres.
Y en a marre de ces généralités qui ne disent pas toute la vérité.

Dans un reportage sur le Général de Gaulle, son fils Philippe disait « plus on est haut, plus on est loin ». Une expression qui sied parfaitement à la chasse aux doublons actuelle, qui se fait au détriment des intérêts bien compris de chacun d’entre nous !
Alain Bringolf