Le peuple votera sur l’initiative pour un salaire minimum

Vaud • La majorité de droite du parlement et les patrons veulent enterrer cette initiative profitable aux bas salaires.

Le Parlement et le Conseil d’Etat avaient tenté d’invalider l’initiative lancée par le POP et solidarités pour un salaire minimum cantonal. La justice ne l’avait pas entendu de cette oreille. C’est donc de mauvaise grâce que la majorité du Grand Conseil a décidé de soumettre cette initiative au vote populaire, probablement en mai prochain. Dans un grand élan de « générosité » et en osant affirmant combien les conventions de travail leur tiennent à cœur, des patrons, la droite n’ont pas hésité à prédire qu’un salaire minimum « serait la chienlit » ! Comme si la chienlit n’était pas de faire travailler des gens avec un salaire en dessous du seuil de pauvreté ! Et d’affirmer qu’un salaire minimum ne ferait que décourager la signature de conventions collectives. Bel aveu des limites du sens social des patrons. Et de dénoncer « une modification fondamentale du partenariat social, raison de leur refus catégorique », selon Guy Philippe Bolay du Centre partonal.

« Cela suffit ! », a rétorqué le rapporteur de minorité, le vert André Chatelain. « Il faut éradiquer une balafre de notre société qui risque de durer encore dix ans si l’on ne prend pas des mesures générales. » Le jour où PME Magazine dénonçait les salaires de grands commis de l’Etat (plus d’un million par an pour Andreas Meyer des CFF, 789’000 francs chacun pour directeurs successifs de la Poste, Ulrich Gygi, Michel Kunz et Jürg Bucher, 576’000 pour Walpen à la SSR, etc.), il s’est trouvé des radicaux pour se féliciter de salaires durement négociés dans le domaine de l’hôtellerie à 3’044 francs brut par mois… Comme l’a relevé le popiste Bernard Borel, cela signifie un salaire de 2’500 francs pour 42 à 45 heures de travail par semaine.

Si l’on compte environ 60% des travailleurs qui connaissent une CCT, il faut savoir que parmi ces conventions, 60% ne concernent pas du tout un salaire minimum, mais un droit aux vacances, etc. L’initiative nationale qui vient d’être lancée la semaine par les syndicats propose un minimum de 4’000 francs par mois dans les CCT, soit un salaire de 22 francs l’heure. Pas de quoi pavoiser dans un pays où le coût de la vie, celui des loyers et de l’assurance maladie sont si élevés.

Le conseiller d’Etat Mermoud (UDC) a cru bon de voir dans un salaire minium la mise en danger des acquis sociaux du canton : « L’autorité cantonale ne pourrait pas faire mieux qu’actuellement. Un salaire minimum aurait des conséquences funestes. »

C’est donc le peuple qui tranchera et qui dira s’il est acceptable que des travailleurs pauvres doivent être aidés par les services sociaux, vu les salaires misérables versés par certaines entreprises, entreprises qui sont ainsi subrepticement subventionnées par le canton, ce qui n’a pas l’air de choquer Monsieur Mermoud, ministre de l’Economie.