L’UDC veut interdire le voile à l’école

L’UDC veut obtenir l’interdiction du voile à l’école. Daniel Ziegler, député PopVertSol, s’y oppose fermement. « La motion de l’UDC traite du “voile islamique“, qui se multiplierait dans nos écoles. De quoi s’agit-il ? Que se cache-t-il sous ce terme effrayant ? La burqa ? Il n’y en a pas. Le niqab ? Il n’y...

L’UDC veut obtenir l’interdiction du voile à l’école. Daniel Ziegler, député PopVertSol, s’y oppose fermement. « La motion de l’UDC traite du “voile islamique“, qui se multiplierait dans nos écoles. De quoi s’agit-il ? Que se cache-t-il sous ce terme effrayant ? La burqa ? Il n’y en a pas. Le niqab ? Il n’y en a pas davantage. Tout comme le tchador d’ailleurs. Tout ce que nous connaissons, ci et là, dans nos collèges du secondaire I et II, c’est le foulard qui cache les cheveux. » Le député s’étonne du souci de l’UDC pour la dignité des jeunes musulmanes. « Prendrait-elle tout à coup pitié des “moutons noirs“ au point de vouloir les blanchir à force de lois ? » Pour le Chaux-de-fonnier, il s’agit plutôt, au lendemain du vote sur les minarets, à Neuchâtel comme dans d’autres cantons, d’entretenir le fonds de commerce xénophobe et de persévérer dans une stratégie de stigmatisation qui s’est malheureusement avérée payante. Il est difficile de considérer cette motion autrement que comme une pure provocation, comme une proposition pyromane irresponsable, qui ignore superbement, en outre, non seulement la conception suisse de la laïcité, mais aussi les réalités du terrain scolaire. En Suisse, et dans le canton de Neuchâtel en particulier, la laïcité s’applique à l’institution, à l’école, aux enseignants – et non aux élèves. Plusieurs décisions de justice, jusqu’au Tribunal fédéral, l’ont réaffirmé à maintes reprises. C’est l’école, ce sont les enseignants, qui n’ont pas le droit d’afficher des signes ostentatoires comme la croix ou le foulard, pas les élèves. Le député, qui enseigne au Lycée Denis-de-Rougemont, a parfois dans ses classes des élèves qui portent le foulard, sans que cela ne pose le moindre problème. « Ces jeunes filles travaillent, discutent, vivent avec leurs camarades comme n’importe quelle autre jeune. Pour elles, l’école est le lieu même de l’intégration. Pour leurs camarades, leur présence est l’occasion d’apprendre la tolérance, l’acceptation de l’altérité – pas si différente en fin de compte – et qui aurait peut-être fait du bien à certains au Grand Conseil… » Pour le popiste, il convient de laisser les élèves musulmanes décider par elles-mêmes le moment venu si elles veulent garder ou enlever ce signe d’appartenance, qui n’est de loin pas l’apanage d’extrémistes islamistes comme l’UDC veut nous le faire croire. Il n’est « pas si différent d’ailleurs du fichu que portaient encore nos mères et nos grand-mères, elles aussi par souci de décence ».