Le salaire minimum offre le droit de vivre dignement

Votation • Le 15 mai, les Vaudois seront les premiers en Suisse à se prononcer sur le salaire minimal.

Le 15 mai, les Vaudois seront les premiers en Suisse à se prononcer sur le salaire minimal.

Le 15 mai, les Vaudois voteront sur l’initiative « pour un salaire minimum », déposée par le POP & Gauche en mouvement, solidaritéS, et les milieux syndicaux et associatifs. Malgré un traitement peu zélé du Château, malgré les manœuvres grossières du bloc bourgeois pour la faire invalider juridiquement, les Vaudois pourront finalement s’exprimer. Rappelons qu’il aura tout de même fallu saisir la cour constitutionnelle et recevoir une décision du Tribunal fédéral pour que les droits politiques des Vaudois soient respectés, n’en déplaise à la droite qui était prête à tout pour empêcher que ce vote ait lieu ! Il est d’ailleurs piquant de constater que cette même droite prête à empêcher des votations ne se gêne pas d’en annuler d’autres lorsqu’elles ne lui plaisent pas : on veut bien laisser les gens voter sous l’emprise de l’émotion en matière d’asile ou de politique des étrangers, mais pas en matière d’atome…

Dans le canton comme ailleurs, les inégalités progressent : il n’y a plus une semaine sans que les rémunérations, bonus et stock-options que s’octroient quelques-uns ne fassent les gros titres. Parallèlement – on en parle moins – une partie des salariés ne gagne plus même de quoi vivre. On estime que 5,1% des travailleurs du canton sont des « working-poors », les familles modestes et les femmes seules avec enfants étant particulièrement concernées.

Pour un plein-temps, la moitié des travailleuses des services personnels gagnent un salaire brut de moins de 3’350 francs par mois et la moitié des employés de la restauration/hôtellerie moins de 3’714 francs. De tels montants ne permettent pas de faire face à la hausse du coût de la vie, et ces personnes doivent demander l’aide sociale. Cela signifie que c’est à la collectivité, et donc aux contribuables qu’il revient de compléter ces bas revenus accordés par des employeurs indélicats : ce n’est pas acceptable. En outre, les bas salaires exercent une pression sur l’ensemble des rémunérations (« dumping salarial ») : tous les salariés sont donc concernés. La Suisse figure en tête des pays les plus riches de la planète : si la misère est toujours choquante, elle l’est peut-être plus encore lorsqu’elle touche des travailleurs.

Le salaire minimum est un instrument permettant de diminuer les inégalités, de protéger la famille et de renforcer la cohésion sociale. Les Etats-Unis ainsi que 21 Etats européens connaissent ce dispositif ; son instauration a un effet neutre, voire positif, sur l’emploi. Une fois n’est pas coutume, citons Adam Smith, père fondateur du libéralisme : « Un homme doit toujours pouvoir vivre de son travail et pouvoir, grâce à son salaire, assurer tout au moins sa subsistance ».


Le Comité unitaire « Vivre dignement est un droit » organise un débat contradictoire sur les votations vaudoises du 15 mai le jeudi 5 mai à 20h à la salle des Vignerons du Buffet de la gare de Lausanne avec Eric Bonjour, économiste et député, Jean-Hugues Büsslinger du centre Patronal, Jean-Michel Dolivo, avocat et député, et Alessandro Pelizzari, secrétaire régional à Unia-Genève.