Abandon du ramassage des ordures en porte-à-porte

La Chaux-de-Fonds • Le Conseil communal veut installer des mini-déchetteries réparties dans toute la ville.

Le Conseil communal veut installer des mini-déchetteries réparties dans toute la ville.

Comme beaucoup d’autres collectivités, La Chaux-de-Fonds s’achemine vers l’abandon du ramassage des ordures au porte-à-porte. Pas de quoi en faire tout un article ? A voir. Un beau reflet de vie moderne en tout cas.

La collecte des ordures est sans doute une des tâches les plus universellement organisées par les collectivités locales. Elle est pourtant essentielle pour toute la population, tant en termes sanitaires que de confort et d’agrément. Surtout dans une société qui produit de plus en plus de déchets. Les ordures ménagères ont longtemps été évacuées par des camions sillonnant les rues les jours de ramassages. La Chaux-de-Fonds se prépare aujourd’hui à remplacer ce mode de collecte par l’installation de mini-déchetteries réparties dans toute la ville.
L’abandon du ramassage en porte-à-porte est motivé par la pénibilité du travail des « servants », ces employés de voirie qui se tiennent à l’arrière du camion et collectent les ordures déposées au pied des immeubles. Imaginez un travail physique, dans les gaz d’échappement et les odeurs de poubelles, avec des sacs éventrés par une fouine de passage, et en hiver le froid, la glace et les tas de neige à escalader. Tout cela pour une valorisation financière et sociale assez mince. Bref, un sale boulot qu’on ne regrettera pas.

Pourtant, ce sale boulot, c’est du boulot, notamment pour six personnes à l’aide sociale dont l’employabilité ne colle plus vraiment à celle que recherchent les patrons aujourd’hui. Pas besoin de diplôme ou d’expérience pour pouvoir le faire et gagner sa vie – ça devient rare. Et il est moins sale et moins pénible que beaucoup d’autres. L’exécutif s’est engagé à trouver d’autres travaux pour les servants actuels. D’ailleurs, il faudra bien entretenir, nettoyer et déneiger les jolis containers enterrés qui fleuriront à chaque carrefour. Ce sera moins physique, mais pas toujours plus propre, et sûrement plus solitaire.

Le camion qui sillonne les rues en redémarrant tous les vingt mètres, ça pollue un max ! Avec des containers un peu partout, on imagine que les gens déposeront leurs ordures en promenant Mirza ou en partant au boulot. Mais ça fera quand même un camion qui vient régulièrement vider tous ces containers et plein de riverains qui arrêteront leur voiture le temps de décharger leur poubelle, surtout dans les quartiers de petites villas. Pas sûr qu’on atteigne les objectifs de Kyoto grâce à ça.

Le ramassage à domicile à la demande sera maintenu

Les containers enterrés, c’est « moderne ». Urbanistiquement, mais aussi socialement. Plus besoin de garder ses poubelles malodorantes jusqu’au matin du ramassage, on pourra aller les déposer quand on veut, comme on va faire ses courses le dimanche à l’épicerie de la gare. Idéal pour les pendulaires qui ne rentrent chez eux que deux fois par semaine ! Et pour la petite vieille du 2ème qui n’arrive presque plus à marcher ou le skateur du 5ème avec sa jambe dans le plâtre ? Là, l’exécutif a parlé solidarités familiales et de voisinage, argumenté que la p’tite vieille s’est bien organisée pour amener ses courses chez elle et peut donc en faire de même pour évacuer ses ordures. On lui a rétorqué éclatement géographique des familles, individualisme et gêne à demander de l’aide. Alors il a promis un ramassage à domicile à la demande, qui pourrait être assuré par les anciens servants.

Reste que dans une ville qui se sert la ceinture depuis de longues années, dont les infrastructures sont vieillissantes et la population plus souvent au chômage qu’ailleurs, payer tous ces containers se fera au détriment d’autres dépenses. Alors au POP, on a dit oui, sans grande conviction mais en pensant aux servants. Espérons que l’exécutif tiendra parole pour leurs nouveaux jobs et pour la p’tite vieille du 2ème.