Un compromis ou une compromission ?

La nouvelle Loi sur l'école obligatoire, profondément rétrograde, veut réintroduire des notes dès la 5ème.

La nouvelle Loi sur l’école obligatoire, profondément rétrograde, veut réintroduire des notes dès la 5ème.

La majorité du Grand Conseil s’est ligotée et entortillée dans un compromis sur la nouvelle loi concernant l’école obligatoire, sans oser tenter de s’en écarter, même d’un iota. Par peur de l’UDC, par peur de son rapport de minorité qui fait allégeance à l’initiative rétrograde « Ecole 2010 ». Au point que le nouveau projet finit par avoir la couleur et le parfum de cette fameuse initiative : retour des notes et des moyennes dès la 5ème année – qui est la 3ème année actuelle -, « l’effort et le travail » mis en vedette dans les buts de l’école, introduction d’une mini 3ème filière, pire que l’actuelle VSO, destinée aux élèves considérés comme faibles, déjà estimés à 7% de l’ensemble des élèves. La preuve que les adeptes du compromis croient si peu à la valeur du système qu’ils défendent qu’ils imaginent déjà 7% d’élèves en grande difficulté et prévoient de les cataloguer dans un « enseignement consolidé »… Ce qu’une popiste a appelé une voie de raccommodage.

« Je suis tenté de suivre votre proposition avec laquelle je suis d’accord, mais au nom du compromis si difficilement négocié, je la refuse. » Voilà la rengaine que le groupe POP solidaritéS s’est vu infliger par le PS, les Verts et quelques gentils députés de droite lors de ses propositions d’amendements.

Par exemple, le canton de Vaud est le champion toutes catégories des redoublements qui coûtent entre 30 et 50 millions par an. Les pays nordiques, qui sortent en tête de toutes les études sur l’école, ont abandonné le redoublement depuis plus de trente ans. « Au nom du compromis…. et tralala », la proposition de suppression des redoublements au profit d’appuis aux élèves en difficulté n’a recueilli que 15 voix .

Un tronc commun pour l’école obligatoire

En 2006, une motion radicale, eh oui, était envoyée au Conseil d’Etat, elle demandait l’instauration d’un tronc unique pour l’école obligatoire. La même proposition fut reprise par le gouvernement dans la première mouture de la loi actuellement en discussion. Le groupe POP / solidaritéS l’a fait sienne à son tour, et, au nom du « compromis tralala », ne l’a vue soutenue que par la voix d’un seul socialiste ! Même si elle comprenait l’instauration de niveaux dès le secondaire.
La nouvelle loi insiste sur l’importance accordée à l’enseignement du français, ce qui fait béer d’enthousiasme les adeptes du compromis. Or, dans les établissements ces jours, les grilles horaire sont en cours d’élaboration. A la question d’une députée popiste sur le bruit qui laisse entendre qu’une période de français serait supprimée au secondaire, la conseillère d’Etat s’est lancée dans une explication complexe qui montre que, en effet, une période est menacée « mais sera compensée sur l’ensemble des heures de toute la scolarité, puisque le cycle initial (l’actuelle école enfantine) est désormais compris dans l’école obligatoire »…
Le débat sur les notes aura lieu mardi. Encore un compromis. Si la compromission est signe de lâcheté, le compromis est-il réellement une marque de courage ?