Une victoire sans ratures pour l’école

Les électeurs plébiscitent la nouvelle Loi sur l'école obligatoire, rejetant l'initiative rétrograde « Ecole 2010 ».

Les électeurs plébiscitent la nouvelle Loi sur l’école obligatoire, rejetant l’initiative rétrograde « Ecole 2010 ».

Le choix a été clair le 4 septembre entre l’initiative « Ecole 2010 » et la LEO, loi sur l’école obligatoire : l’initiative a été acceptée par seulement 41,5% des votants alors que la LEO recueillait 52,04% de oui. Ces 10% de différence sont le signe de la campagne enflammée qui agita le canton dès la rentrée scolaire. L’UDC qui défendait, qui s’en étonnerait, « Ecole 2010 » et son retour au passé, a perdu, comme elle a perdu le même jour 9 votations sur 10 dans le canton de Zurich.

Pour revenir à la LEO, il ne s’agissait pas simplement de savoir s’il faut mettre des notes et des moyennes dès 6 ans ou dès 9 ans, pas plus que du nombre d’heures d’enseignement du français et des math, mais bel et bien d’une vision de la société. Les patrons, le Centre patronal et l’UDC se sont égosillés sur l’importance de la VSO, voie secondaire à options, qui va heureusement disparaître. On sait en effet – les faits sont têtus – que les mêmes rechignent à engager des apprentis qui sortent de cette filière. Et de se lamenter sur une baisse de niveau… Tout en proposant – les belles âmes – des emplois non qualifiés, temporaires et pas chers à ces jeunes sans avenir.

La population vaudoise ne s’est pas laissée piéger. Il faudra maintenant appliquer l’heureuse décision populaire et apaiser les inquiétudes des parents et des enseignants. La tâche sera rude sans doute, la conseillère d’Etat Anne-Catherine Lyon ne devra pas craindre de s’y atteler avec fermeté. Le vote populaire l’y aidera. Et l’UDC qui clame si fort que le pouvoir est au peuple devra s’y rallier. Leur douleur face à leur échec était pathétique. Au point qu’ils ont cru bon de sauter sur une nouvelle stratégie et d’annoncer une mystérieuse initiative censée favoriser l’apprentissage. L’UDC cultive le principe du bouchon sur les vagues. Innoyable et capricieux.

Amertume pour les étrangers

Près de 60% des Vaudois ont accepté de tordre le cou au système majoritaire dans les communes de moins de 3’000 habitants. La justice et la défense des petites formations l’ont ainsi heureusement emporté, même dans les communes qui avaient financé la campagne du NON. C’est un tournant dans les villages. A noter que l’UDC avait compris son intérêt et soutenait ce changement, comme la gauche.

La Constituante avait failli inclure dans son projet le vote et l’éligibilité des étrangers au niveau cantonal. Dans la crainte de voir le bébé jeté avec l’eau du bain, les constituants y avaient renoncé. Alors que ces droits au niveau communal ne posent aucun problème, le peuple s’est montré frileux pour les accorder au niveau du canton. L’initiative « Vivre et voter ici » a été refusée par 68% des votants. C’est une déception. Comme pour le vote des femmes, il faudra laisser du temps au temps pour convaincre. Peu à peu, l’idée que seule la possession d’un passeport suisse donne le droit de vote va perdre de sa pertinence au profit de la définition du citoyen, qui est celui qui vit et participe à la société. Le débat a été quelque peu éclipsé par celui sur l’école. Puisse le Conseil d’Etat réfléchir à deux fois avant de replacer une votation cantonale les premiers jours de septembre, trop proches de la rentrée estivale.