Denis de la Reussille et Pascal Helle, un duo de convictions

ÉLECTIONS FÉDÉRALES • Le POP neuchâtelois et solidaritéS lancent les deux candidats dans la course au Conseil des Etats.

Le POP neuchâtelois et solidaritéS lancent les deux candidats dans la course au Conseil des Etats.

Le Popiste Denis de la Reussille est président de la Ville du Locle et député. Il nous explique les raisons de son engagement.

Comme en 2007, vous vous présentez aux deux Chambres. Quels sont vos objectifs avec cette double candidature ?
Denis de la Reussille Nous voulons présenter aux électeurs neuchâtelois le plus de diversité possible et on se doit d’utiliser toutes les possibilités et occasions médiatiques qui se présentent pour porter notre message. Par exemple, pour dénoncer le scandale du manque de transparence du financement des campagnes et des partis. Certains ont des moyens financiers 100 fois et plus supérieurs aux autres. Il faudrait légiférer pour instaurer cette transparence, ce que la droite refuse. On doit être le dernier pays d’Europe à avoir si peu de contrôles sur ce sujet.
Pour le reste, mes priorités sont d’ordre social. Je veux lutter pour l’instauration d’un salaire minimum qui permette à chacun de vivre de son travail. Face à l’augmentation des coûts de la santé pour les ménages, je veux enfoncer le clou pour défendre une caisse maladie publique et que les primes soient liées au revenu disponible.

Quelles sont vos priorités pour le canton de Neuchâtel en cas d’élection aux Etats ?
Pour l’Arc jurassien et son accès, la mobilité est un thème important. Il faut travailler sur deux axes. Le premier, c’est de renforcer la mobilité douce en trouvant enfin un financement pour le RER régional (TransRUN) qui doit relier le Bas et le Haut du canton et la France voisine. Il faut aussi que la route principale cantonale H20 soit reclassifiée en route nationale. Cela permettrait de construire enfin un évitement des centres-villes de La Chaux-de-Fonds et du Locle, qui sont aujourd’hui soumis à un trafic pendulaire infernal.

Les électeurs neuchâtelois se sont prononcés plusieurs fois au niveau cantonal sur des thèmes de fiscalité. Qu’est-ce que vous proposez sur ce thème ?
Mon principe de base en matière fiscale est de renforcer la progressivité de l’impôt et sa redistribution. Je suis aussi pour la fin des forfaits fiscaux. Il faut aussi tendre vers une harmonisation fiscale pour les personnes physiques au niveau suisse. Les écarts d’imposition qu’il peut y avoir entre des cantons alémaniques et ceux du Jura ou de Neuchâtel ne sont plus acceptables.

La gauche du PS part unie sur la même liste POP-solidaritéS. Comment expliquez-vous cette spécificité neuchâteloise ?
Depuis de très longues années, il y a un groupe regroupant le POP, les Verts et solidaritéS au Grand Conseil qui fonctionne bien. Nous nous enrichissons même de nos divergences et nous permet d’avancer ensemble. Fort de ce groupe, il est logique de partir ensemble sur une liste commune et en sous-apparentement avec les Verts et en apparentement avec le PS.

Reconnaître l’apport des migrants

Membre de solidaritéS, Pascal Helle est conseiller général en Ville de Neuchâtel.

Quels sont vos objectifs en vous présentant au Conseil des Etats ?
Pascal Helle Les élections sont l’occasion de faire entendre les préoccupations et les réflexions de ceux qui n’ont pas souvent accès aux tribunes médiatiques. C’est aussi l’opportunité de s’opposer aux discours simplificateurs qui rendent les étrangers responsables de tous les maux de ce pays. Ma candidature est donc une candidature de combat au service de nos idées. En présentant une liste commune POP-solidaritéS, nous envoyons un signe clair à ceux qui luttent pour une autre société : c’est ensemble que nous pourrons faire changer ce pays.
Reconnaître l’apport des migrants

La migration sera l’un des thèmes des fédérales. Quelles sont vos propositions en matière d’intégration des étrangers ?
Faire avancer quelques idées comme celle de la reconnaissance des compétences des migrants. Je reste persuadé qu’en ne prenant pas en compte les études ou les formations que les migrants ont acquis dans leur pays, on pratique un véritable gâchis tant sur les plans personnels qu’économiques.
Il me semble que le temps est venu de reconnaître l’apport de la migration dans la société suisse. Cela pourrait passer par des publications, voire par la création d’une Maison de la Migration pour préserver la mémoire des migrants et des migrantes.
Il faut arrêter de pratiquer la discrimination entre les étrangers en fonction de leur pays d’origine : même sol, même droit. Ce qui implique aussi la reconnaissance du droit de vote et d’éligibilité à tous les niveaux pour celles et ceux qui vivent en Suisse depuis 5 ans. Il faut en finir également avec les renvois forcés et surtout avec les renvois des personnes intégrées ou qui ont un travail. La loi sur la naturalisation devrait être changée pour permettre aux enfants nés sur le territoire suisse d’acquérir automatiquement la nationalité. De plus le délai pour entreprendre les démarches de naturalisation devrait être ramené à 5 ans. Il serait temps aussi de permettre aux sans-papiers de mener jusqu’au bout une formation.

En tant qu’enseignant, quelles sont vos propositions en matière de formation ?
Comment faire pour que chaque élève sorte de l’école avec un diplôme ?
Je trouve aberrant qu’un élève migrant qui connaît déjà plusieurs langues ne puisse les faire valider dans son apprentissage. En clair, l’enseignement de l’allemand devrait pouvoir être remplacé par celui d’une autre langue. Car en multipliant les exigences on ne fait que décourager des jeunes qui accomplissent déjà un effort considérable en apprenant une langue comme le français. Dans le cadre de l’enseignement obligatoire de base, il faudrait introduire des modules pour réaliser des projets d’engagement social afin de montrer aux jeunes qu’ils peuvent agir pour améliorer la vie des gens ou l’équilibre de notre environnement. Enfin, le droit pour tous à « apprendre tout au long de la vie » ne devrait pas seulement être proclamé mais soutenu par des mesures concrètes et financières pour devenir une réalité praticable et abordable.