La consommation de drogues est un phénomène trop complexe pour y apporter des réponses simplistes

ÉLECTIONS FÉDÉRALES • L'Association romande contre la drogue (ARCD), présidé par le député vaudois UDF Maximilien Bernhard, a envoyé un questionnaire aux candidats aux élections fédérales. Plutôt que de répondre à ce questionnaire orienté, la Neuchâteloise Pascale Gazareth a préféré envoyé à l'ARCD le message ci-dessous.

L’Association romande contre la drogue (ARCD), présidé par le député vaudois UDF Maximilien Bernhard, a envoyé un questionnaire aux candidats aux élections fédérales. Plutôt que de répondre à ce questionnaire orienté, la Neuchâteloise Pascale Gazareth a préféré envoyé à l’ARCD le message ci-dessous.

Je considère que la consommation de drogue est un phénomène bien trop complexe pour y apporter des réponses uniques. Notre société est extrêmement violente pour notre santé émotionnelle. La consommation de drogues, légales ou non, est pour beaucoup une réponse à des souffrances inexprimables. Il en va de même de beaucoup d’autres comportements qui, aujourd’hui, ne font que couvrir un profond désarroi et de profondes blessures psychiques – et parfois physiques – d’une part de la population à qui il manque des biens fondamentaux : le respect, la tolérance, le droit à l’erreur, le droit à la différence, la solidarité, le temps de bien faire les choses, la reconnaissance et la gratitude.

L’interdiction des drogues ne fait que renforcer l’emprise des mafias

Une partie de la population a malheureusement besoin des drogues, légales ou non, pour survivre dans notre société ultra-compétitive. La consommation de cannabis ou d’héroïne est aussi une réponse pour certaines personnes souffrant de troubles psychiques non diagnostiqués – ou diagnostiqués mais pour lesquels notre médecine technique n’a encore aucune réponse satisfaisante. La prévention est essentielle pour apprendre à la population à connaître les dangers des drogues – car elles en ont, comme beaucoup d’autres substances légales que nous consommons régulièrement. Mais la thérapie l’est autant, pour véritablement aider celles et ceux qui en ont besoin. En sachant que cette aide, pour certains, sera la prescription médicale de drogues à long terme, seule solution pour leur éviter les problèmes sanitaires des produits frelatés du trafic et des lieux d’injection insalubres, et éviter aussi les problèmes judiciaires qui n’apportent que des frais inutiles et du temps perdu pour tout le monde. La répression doit s’orienter essentiellement envers les mafias qui contrôlent le trafic de drogue. L’interdiction des drogues ne fait que renforcer leur pouvoir sur des populations fragilisées par la pauvreté, et leur emprise progressive sur des sociétés entières, avec son lot de morts et de corruption. Elle n’a qu’un effet faiblement dissuasif, et même des effets incitatifs, en particulier auprès d’une jeunesse en recherche de limites et très friande de transgressions. Malheureusement, cette jeunesse-là est souvent en souffrance et donc très réceptive aux effets apaisants des substances psychotropes contenues dans les drogues. Si la souffrance psychique n’est pas spécialement liée à notre origine sociale, relevons néanmoins que les jeunes issus des classes populaires ont souvent beaucoup moins de ressources mobilisables pour y répondre, puis après avoir développé une consommation importante de drogue, pour la financer, trouver d’autres réponses à leur souffrance et éviter les conséquences judiciaires et sanitaires. Ainsi, la pénalisation des drogues condamne nettement plus lourdement les consommateurs des classes populaires. Les prisons de nombreux pays sont ainsi remplies des gavroches d’aujourd’hui, condamnés pour consommation, trafic, vol ou agressions commis pour financer la première. On n’y voit par contre pas beaucoup de grand patron de banque responsable de la mise sur le carreau de populations et de pays entiers.