Le POP et la dimension humaine de l’engagement

Vaud • Joli succès pour la journée de formation politique du POP vaudois ! Ce sont en effet une trentaine de camarades et sympathisants du parti vaudois qui se sont retrouvés à Pôle sud, samedi passé, pour débattre et réfléchir collectivement. Invité à s’exprimer sur le thème « le militantisme au cœur de l’histoire du POP »,...

Joli succès pour la journée de formation politique du POP vaudois ! Ce sont en effet une trentaine de camarades et sympathisants du parti vaudois qui se sont retrouvés à Pôle sud, samedi passé, pour débattre et réfléchir collectivement. Invité à s’exprimer sur le thème « le militantisme au cœur de l’histoire du POP », l’historien et collaborateur de Gauchebdo Pierre Jeanneret s’est interrogé sur le sens de l’engagement au sein des partis de la gauche combative. A ses yeux, analyser un parti politique, c’est s’arrêter sur ses idées et ses combats, mais c’est aussi, et peut-être surtout, s’intéresser aux hommes et aux femmes qui le font vivre : il s’agit de « réhabiliter les militants » au sein de la recherche historique.

Dans un premier temps, l’historien a tenté une définition du militantisme (militant et militaire partagent la même étymologie latine : être soldat) et a brossé une figure quasi mythique du « bon militant », doté d’une fidélité, voire d’un « patriotisme de parti » (l’expression est utilisée par le popiste lausannois Fernand Petit) sans failles. Dès la fondation du POP-PST, et comme au sein d’autres partis communistes, la figure du militant totalement fidèle à sa classe et à son parti a été fortement valorisée. Un bon militant était un camarade à la fois dévoué… et obéissant. Bien souvent, un bon militant avait fait son voyage en URSS, et témoignait, à son retour, de la lumineuse expérience qu’il avait vécu. Sur le plan professionnel, un camarade exemplaire devait être le meilleur à l’usine ou sur le chantier, afin d’être un modèle pour ses collègues, et afin que jamais son travail ne puisse donner l’occasion au patron de l’attaquer.

Avec les années, le POP n’a pas toujours su éviter le piège de l’ouvriérisme : c’est peut-être aussi pour cela qu’à la fin des années 1960 et durant les années 1970, il a fait preuve d’une certaine cécité devant de nouvelles revendications sociales, provenant notamment de la jeunesse. Prenant acte des transformations sociologiques majeures intervenues jusqu’à aujourd’hui, Pierre Jeanneret a constaté que cette époque de fidélité inconditionnelle est désormais révolue, et qu’il ne faut sans doute pas s’en trouver nostalgique. Mais fort justement, il a mis en garde contre le risque contraire, celui d’une indiscipline rendant finalement difficile l’exercice de l’action commune.

Dans sa conclusion, Pierre Jeanneret a souligné combien était importante la dimension humaine de tout engagement collectif, un point de vue souligné par plusieurs intervenants lors de la discussion. S’engageant pour un véritable militantisme à visage humain, l’historien a rappelé combien l’amitié et la camaraderie ont toujours constitué le ciment d’un parti comme le POP. Lucide, il a également relevé que la crise actuelle du militantisme, trouvant sa source à la fois dans l’individualisme croissant, les avancées sociales et le rôle prépondérant pris par les loisirs individualisés (à commencer par la télévision) frappait particulièrement les formations de gauche. En effet, alors que les partis de droite peuvent compenser l’absence de militantisme par leurs moyens financiers, c’est bien moins le cas des forces de gauche.

A la fois didactique et critique, laissant parfois transparaître quelques pointes d’ironie, Pierre Jeanneret a donné une conférence particulièrement intéressante. De l’avis de toutes les personnes présentes, il faudra renouveler ces journées de formation, parenthèses réflexives qui permettent de « lever le nez du guidon » quelques heures et réfléchir à plus long terme, hors des enjeux de l’actualité immédiate.