Les transports gratuits ne sont pas une utopie

ÉLECTIONS FÉDÉRALES • Céline Misiego est secrétaire générale du POP & Gauche en mouvement et se présente au National le 23 octobre prochain dans le Canton de Vaud. Elle défend une autre forme de mobilité.

Céline Misiego est secrétaire générale du POP & Gauche en mouvement et se présente au National le 23 octobre prochain dans le Canton de Vaud. Elle défend une autre forme de mobilité.

En réaction à la récente annonce des CFF d’augmenter de 7% le prix des billets de train, il serait temps de réfléchir à un financement alternatif des transports publics, avant que ceux-ci ne deviennent une niche pour voyageurs fortunés, et non plus un moyen de se rendre au travail pour tout un chacun. Et pourquoi pas des transports publics gratuits ?!

L’utilisation massive des véhicules motorisés pose de nombreux problèmes. L’épuisement inévitable des réserves de pétrole en est le premier signe indéniable. Le coût d’entretien des infrastructures utilisées par les véhicules automobiles (autoroute, parking) ou l’augmentation de la pollution à l’heure de l’attractivité sociale des 4×4 en sont des autres. La gratuité des transports publics offre quant à elle des avantages encore plus nombreux. Comme de rendre à nouveau attractif le centre-ville, et par conséquent soutenir les commerces qui souffrent du manque de places de parking, poussant les automobilistes à se rendre dans les zones industrielles. La diminution de l’impact des particules fines sur la santé de tous les citoyens. La limitation des accidents de la route, et par conséquent la réduction des coûts engendrés par ceux-ci.

La question du financement d’un tel service se pose bien entendu. Outre la réduction des coûts cités plus haut, on peut ajouter la suppression des coûts liés à l’émission des billets, le contrôle de ceux-ci et l’entretien des automates. Bien sûr cela ne suffira pas. C’est pourquoi le POP propose la création d’un fonds cantonal alloué aux transports publics, alimenté par trois sources principales : une fiscalité sur le revenu plus progressive à partir d’un certain seuil, l’application du principe du pollueur-payeur via une taxe sur le trafic motorisé calculée à partir des émissions de CO2, et enfin un prélèvement sur les carburants – les professionnels en étant exemptés.

De nombreuses villes dans le monde ont déjà adopté ce mode de fonctionnement avec un réel succès. Dans la ville belge de Hasselt, pionnière des transports publics gratuits, le trafic automobile a été divisé par deux en 5 ans, et la fréquentation des transports publics a été multipliée par 14. S’ensuivirent également une nette baisse des accidents de circulation, ainsi qu’une augmentation des activités sociales et commerciales au centre-ville. Cette mesure a même montré des effets totalement inattendus comme la réduction du temps d’hospitalisation des patients, les visites de proches augmentant vu la facilité de s’y rendre.

L’expérience nous montre donc que cela est tout à fait possible, viable et bénéfique pour une société. A ceux qui prétendent que les transports publics gratuits sont une utopie, je réponds que la vraie utopie est de penser qu’une société tout-voiture est pérenne.