Broulis jette quelques miettes aux contribuables

La cagnotte du conseiller d'Etat ne profitera pas aux ménages modestes ni aux locataires.

La cagnotte du conseiller d’Etat ne profitera pas aux ménages modestes ni aux locataires.

Le président du Conseil d’Etat veille si jalousement sur les finances des Vaudois qu’il n’hésite pas à placer des sommes « au cas où », à constituer des provisions, car il est prompt à prédire des avatars funestes. Cette politique de comptable avare impose à l’Etat de Vaud de devoir participer largement au financement des autres cantons et conduit à présenter un budget mesquin et à se limiter à de pingres investissements. Au point de se faire tancer par tous les groupes politiques.

L’an dernier, le ministre avait précautionneusement mis un demi million de côté. Ce pactole s’étant révélé une prudence inutile vu l’excellente santé du canton, toutes sortes d’appétits se sont réveillés. Ne sommes-nous pas en période électorale ? Pour la droite, une baisse des points d’impôt paraît être le meilleur stratagème puisque, vu la progressivité de l’impôt, c’est ce qui profite le plus aux cossus. L’UDC ne s’y est pas trompée, qui proposa aussitôt de baisser l’impôt de trois points, soit une perte de quelque 90 millions pour l’Etat. Une illustration du dogme du « moins d’Etat » si cher à Blocher.

La gauche souhaite au contraire maintenir le statu quo fiscal, mais avec des propositions favorables aux ménages modestes : aide à l’assurance maladie, augmentation des allocations familiales et, particulièrement pour la gauche de la gauche, aide au logement et lutte contre la pénurie. Le conseiller d’Etat Broulis, qui tient à maintenir au Conseil d’Etat une majorité de droite même chancelante, propose donc une mesure qu’il qualifie de « psychologique » : une baisse d’un point d’impôt, comme on lance du pain aux canards un dimanche matin. En effet, le contribuable qui paie 1’000 francs d’impôt y gagnera 4 francs. Quatre. Pour d’autres, cela leur permettra au mieux de pouvoir s’offrir un café par mois, alors que le ménage plus nanti qui paie 20’000 francs d’impôt gagnera 90 francs : même pas de quoi se payer une canne de golf ! Alors, gage supplémentaire à la droite, le ministre a encore mis dans la corbeille une réduction de 0,3 pour mille de l’impôt sur le capital des entreprises.

Mardi en premier débat, le parlement a choisi la solution Broulis. Ce dernier a d’ailleurs vécu auparavant un moment d’angoisse pathétique lorsque ses amis radicaux ont d’abord voté l’amendement UDC proposant la diminution de trois points… Le groupe POP solidaritéS a tenté en vain de refuser une baisse des revenus de l’Etat et s’est même trouvé bien seul à proposer le refus de la diminution de l’impôt pour les entreprises. Les Verts y sont favorables et filent le parfait amour avec le PS en vue de l’élection complémentaire au Conseil d’Etat. Alors les socialistes ont déclaré se rallier aux écologistes.

Ces décisions devront encore être confirmées mardi prochain en deuxième débat.