La pommade de la baisse d’impôt

Vaud • Le Canton va perdre 28 millions de francs, qui auraient pu servir, par exemple, à recruter des curateurs professionnels.

Les Vaudois sont sensés se réjouir d’une baisse d’impôt, juste au moment où le pouvoir d’achat s’amenuise. Mais la diminution d’un point décidée par le Grand Conseil n’est pas la panacée qui soulagera les ménages, et surtout pas ceux pour qui la fin du mois commence le 15. Il ne reste qu’à rigoler pour ne pas pleurer. Celui qui paie 1’000 francs d’impôt se verra en effet soulagé de 4 francs et même celui dont le revenu est de 200’000 francs n’y gagnera que 50 francs. L’Etat va ainsi se priver de 28 millions qui réjouiront surtout les plus nantis. Des millions qui auraient pourtant permis de mieux faire par exemple pour le logement ou les allocations familiales.

Le Groupe Action tutelles est venu sur les marches du Palais de Rumine avec une autre proposition. Son combat vise à convaincre le canton de Vaud – et son ministre Leuba – à pratiquer comme tous les autres cantons suisses et ne plus contraindre ses habitants à devenir tuteur sans leur accord.

Le dogme de la baisse d’impôt

L’Etat a toujours répondu qu’il n’avait pas d’argent pour cela. Pas plus d’ailleurs que pour répondre aux autres besoins exprimés. Une diminution d’impôt, voilà le dogme pour la droite.

Et ce n’est pas tout. En réponse au député Bernard Borel qui s’étonnait que les communes n’aient pas été consultées sur la diminution de l’impôt sur le capital pour les entreprises qui fait partie du même paquet, Pascal Broulis, la bouche en cœur, a même annoncé l’arrivée d’une troisième mesure d’allégement « qui va faire mal aux communes »… Mais, promis juré, elles seront consultées… Après la pommade, le pansement.

Une épée de Damoclès pour tout Vaudois

Chaque Vaudois peut un jour ou l’autre se faire nommer tuteur – on dit curateur maintenant – et même contre son gré. Le groupe Action tutelle, relayé par l’intervention des popistes, a fait observer que la diminution d’impôt n’apportera rien aux familles modestes en dessous du minimum imposable et bien peu de chose aux classes moyennes. D’où la proposition d’allouer plutôt ces millions au renforcement de l’Office du tuteur général pour que celui-ci assume les tutelles ne trouvant pas de réels volontaires. Malgré des pétitions, des interventions parlementaires et l’indignation des citoyens dans les médias, le canton de Vaud poursuit sa voie spécifique, inefficace et d’un autre temps.

Le Conseil d’Etat avait déclaré que la reprise de toutes les tutelles par l’Office du tuteur général coûterait « une trentaine de millions » (EMPL de décembre 2010). Le projet d’Action tutelles est plus modeste et coûterait donc moins cher.
Les tutelles assumées par l’entourage des pupilles perdureraient, comme d’ailleurs celles assurées par des volontaires. Le canton de Vaud est riche de bénévoles sans qui nombre de fonctionnements seraient en péril. Pour les tutelles aussi, il y a beaucoup de bonne volonté qui se manifeste, beaucoup de bénévoles. Encore faut-il les chercher un peu, les motiver et les aider convenablement. Pour leur bien et celui des pupilles. Pour l’heure, le Conseil d’Etat reste de marbre.