« La croissance économique mène à la catastrophe »

Livre • Pour Michel Ducommun, un projet postcapitaliste nécessite une remise en cause de la croissance.

Pour Michel Ducommun, un projet postcapitaliste nécessite une remise en cause de la croissance.

Le capitalisme se fonde sur la croissance économique. En épuisant les ressources, celle-ci mène l’humanité à la catastrophe. La remise en cause de la croissance est non seulement nécessaire, mais elle constitue aussi la condition du dépassement du capitalisme, estime Michel Ducommun dans l’ouvrage qu’il vient de publier, Rompre avec le capitalisme : utopie ou nécessité ? « La remise en cause de la croissance repose en premier lieu sur les travailleurs », écrit l’ancien président du cartel intersyndical de la fonction publique genevoise. A l’heure de la crise, ce message a-t-il une chance d’être entendu par les salariés ? « Ce qui est audible, c’est que la croissance telle qu’on la connaît mène à la catastrophe, et que les principales victimes seront les pauvres et les exclus », répond à Gauchebdo le militant de solidaritéS. « Les travailleurs, qui sont les victimes du capitalisme, devraient être les principaux porteurs de la lutte contre le capitalisme et pour une société libérée du chômage et de l’exploitation, avec plus de temps libre et un contrôle démocratique par les producteurs sur ce qu’ils produisent et comment ils produisent. Même si elle produit moins, une société qui garantit à tout être humain la satisfaction de ses besoins est certainement plus désirable et jouissive que celle caractérisée par le “travailler plus pour gagner plus“. »

Pour développer un projet postcapitaliste, il faut tirer les enseignements de l’échec des révolutions socialistes au 20ème siècle. Bien entendu, Michel Ducommum pointe l’absence de démocratie dans les régimes se revendiquant du socialisme, mais aussi le maintien de la division du travail. « La division du travail est un point essentiel de la division en classes, elle est à l’origine de l’aliénation des travailleurs dans le processus de production, réduisant à zéro l’essentiel des capacités et potentialités des êtres humains. Et cette réduction limite plutôt qu’augmente l’efficacité des producteurs. » L’auteur pense que la perte de crédibilité du productivisme donne aujourd’hui un nouvel élan à l’idée d’abolir la division du travail.


Michel Ducommun, Rompre avec le capitalisme : utopie ou nécessité ?, éd. de L’Harmattan, Paris 2011.