Privatisation rampante du nettoyage

Les nettoyeurs de l'Etat sont progressivement remplacés par des privés. Le conseiller d'Etat François Marthaler s'en accommode.

Les nettoyeurs de l’Etat sont progressivement remplacés par des privés. Le conseiller d’Etat François Marthaler s’en accommode.

Après de longues et dures négociations et un recours au Tribunal des prud’hommes, les nettoyeurs et les nettoyeuses engagées par l’Etat de Vaud ont enfin obtenu d’être intégrés dans l’échelle des salaires DECFO SYSREM, comme tous les autres collaborateurs. Les services de nettoyage, à l’exception de ceux du CHUV, en avaient été purement et simplement exclus. Une idée lumineuse du service du personnel (SPEV), fidèle évangéliste de Pascal Broulis, président du Conseil d’Etat.

On pourrait imaginer que tout était rentré dans l’ordre. C’est sans connaître la suave pratique qui s’est discrètement mise en place dans les services, comme l’a dénoncé une députée popiste. Lorsqu’un ou une nettoyeuse s’en va, le remplacement par un employé du privé est automatique ! Et quel est le conseiller d’Etat qui a la responsabilité de cette discrète politique de privatisation suave ? Le Vert François Marthaler. C’est en effet un de ses services, le SIPAL, qui gère désormais aussi bien les conciergeries que les nettoyages dans les bâtiments de l’Etat. Le SIPAL est en effet le « service immeuble, patrimoine et logistique » et dépend du département des infrastructures.

Un brin embarrassé et sans réelle conviction, le conseiller d’Etat n’a pu que confirmer les propos de la députée du POP. Le principe est en effet appliqué strictement. Lors d’un départ, le SIPAL examine si le poste doit être repourvu ou non. Si le poste se révèle indispensable, un collaborateur d’une entreprise privée prend le relais. Et le tour est joué. A terme, tous les services de nettoyages auront été privatisés furtivement et en douceur. François Marthaler a mollement tenté de justifier cette pratique en disant que le respect de la convention collective de travail est garanti lors de l’engagement. Le comble aurait été qu’il n’en soit rien !

Qui a fait une pesée d’intérêts et se soucie de la qualité qu’offre un personnel pérenne qui veille au maintien de la qualité du mobilier et de l’immobilier qu’il connaît bien ? Le Conseil d’Etat a préféré faire l’économie de quelques sous réalisée sur le dos de personnes très modestes. A moins qu’il s’agisse d’une rogne nauséabonde pour avoir perdu devant les prud’hommes ?