Qui pilote vraiment Mobilis ?

L'Etat n'a qu'une voix consultative au sein de la communauté tarifaire vaudoise, qui regroupe onze compagnies de transports.

L’Etat n’a qu’une voix consultative au sein de la communauté tarifaire vaudoise, qui regroupe onze compagnies de transports.

Mobilis, c’est l’excellente réalisation qui permet, avec un seul billet, d’utiliser aussi bien les trains que les bus sur quasiment l’ensemble du canton. Onze entreprises de transport se sont mises d’accord pour permettre cette harmonisation. L’an dernier pourtant la décision de Mobilis d’introduire des restrictions d’horaire pour les abonnements destinés aux retraités a soulevé l’indignation : manifestation, mobilisation des aînés, interventions parlementaires et même une pétition « contre la grasse matinée obligatoire » qui a obtenu plus de 8’000 signatures. Le Grand Conseil a adressé cette pétition au Conseil d’Etat en juin dernier et depuis lors, c’est silence radio.

La députée popiste Christiane Jaquet-Berger, qui est aussi la présidente de l’Avivo suisse, a été amenée à demander comment fonctionne Mobilis et qui le pilote. Surtout après une discussion menée par l’Avivo auprès de l’un de ses responsables M. Gatabin. Sur le site de l’Etat, on explique « qu’en coulisse, cette mécanique complexe est pilotée par l’Etat de Vaud ». Très bien. Mais que signifie concrètement cette stratégie gouvernementale qui affirme « piloter en coulisse » ? On connaissait les privatisations, la nouvelle gestion publique, la délégation de compétences ou le partenariat privé public. Le « pilotage en coulisse » laisse perplexe. Certes, il est connu depuis belle lurette, par exemple, comme faisant partie de la stratégie des assureurs aux Chambres fédérales. Pas très démocratique comme méthode et pas très claire, surtout pour un gouvernement.

Pas de contrôle démocratique

Dans le cas de Mobilis, il apparaît que l’Etat participe « avec voix consultative » au comité de direction, par le biais d’une collaboratrice du Service de la mobilité, qui dépend du département de François Marthaler. Or, il y a de l’argent public qui permet le fonctionnement, les infrastructures, sans parler de la concrétisation de cette organisation qui n’a été possible que grâce à l’Etat. La députée se demande si l’Etat s’est transformé en un vulgaire client de son bébé Mobilis devenu aussi autonome que peut l’être Novartis ou la Migros ?

Cette question rejoint les interrogations que suscitent de plus en plus les organisations intercommunales : communautés de transports publics, de services de l’électricité, de sociétés culturelles ou sportives. Par souci d’efficacité, ces regroupements paraissent sages. Mais démocratiquement, la question se pose cruellement. Un problème apparaît par exemple dans les transports publics lausannois (TL) qui regroupent plus de 200 communes. Le malheureux conseiller communal qui veut intervenir s’entend répondre que ce sont les représentants de ces communes qui décident dans leur instance et qu’il ne peut rien faire. Il s’agit donc d’une super-instance entièrement publique qui échappe pourtant à tout réel contrôle démocratique. Un dossier qui mériterait d’être étudié.