L’inégalité de traitement des sans-papiers dénoncée

Un chaud débat s'est déroulé au Grand Conseil sur l'accès à l'apprentissage des enfants sans statut légal.

Un chaud débat s’est déroulé au Grand Conseil sur l’accès à l’apprentissage des enfants sans statut légal.

Grâce à une courte majorité de cinq voix et en premier débat, le Grand Conseil a accepté mardi l’entrée en matière sur l’initiative Dolivo (solidaritéS) / Serge Melly (radical) qui propose d’envoyer à Berne la proposition permettant aux jeunes sans papier d’accéder à un apprentissage. On se souvient que la ville de Lausanne avait suggéré une telle ouverture qui fut par la suite relayée au Conseil national par le PDC genevois Barthassat. Il faut dire que ces jeunes clandestins, arrivés dans notre pays avec leurs parents, peuvent suivre les cours de l’école obligatoire. Ce fut un dur combat dans lequel les cantons romands s’étaient vivement engagés. Ces jeunes peuvent désormais suivre sans problème les cours du gymnase, selon leurs résultats scolaires, ou aussi une Ecole des métiers… mais l’entrée en apprentissage leur interdite ! Une incroyable différence de traitement, différence inacceptable pour l’ensemble de la gauche.

La droite s’est battue bec et ongles contre l’idée de permettre à ces jeunes de suivre un apprentissage. L’UDC et les libéraux se sont particulièrement distingués par des arguments du type : « C’est une affaire fédérale, laissons faire les nouveaux élus et ne nous en mêlons pas », ou encore en toute générosité : « Ne laissons pas ces jeunes nourrir de faux espoirs puisqu’ils n’obtiendront pas le droit de travailler ensuite. » Des juristes ne manquèrent pas de rappeler doctement que « La loi, c’est la loi. » Pour des députés dont le rôle est justement de faire les lois ou de les modifier, c’est un peu court ! Quant à l’UDC Voiblet, il pense aux policiers qui obéissent à une loi quasi sacrée et doivent arrêter avec toute la rigueur nécessaire et faire expulser ces jeunes clandestins devenus apprentis ou non. Le conseiller d’Etat Leuba, avec des accents qui rappellent ses diatribes lorsqu’il était député libéral, a lui aussi vivement combattu l’initiative. Or, le simple bon sens montre que l’obstination de refuser un apprentissage à ces jeunes ne fait que les jeter dans l’oisiveté ou la tentation, eux qui sont souvent nés chez nous et qui n’ont aucune responsabilité de la situation dans laquelle ils ont été jetés, eux dont les parents, quoique clandestins, ont sans problème trouvé des employeurs ravis de les engager…

Le vote de 67 voix contre 62 montra que du côté de la droite aussi, il se trouve des députés qui refusent une situation injuste. Le débat fut chaud et animé. Trois fois mis à l’ordre du jour, il fut par deux fois interrompu, l’heure de fin de journée étant largement dépassée. Le deuxième débat risque bien de redémarrer avec vigueur, même si mardi c’est un autre débat qui s’annonce, celui du budget. Deux rapports de minorité sont prévus, l’un du POP / solidaritéS et l’autre socialiste, décidé à la dernière minute.