Une victoire pour tous les bas salaires

votations du 27 novembre • Le principe d'un salaire minimum accepté par 54% des Neuchâtelois.

Le principe d’un salaire minimum accepté par 54% des Neuchâtelois.

Cette votation importante et touchant un principe fondamental de la société salariale, n’a pas émotionné les citoyennes et citoyens. La participation moyenne cantonale se situe à 34,75% avec des records à la baisse comme celui de Boudry avec ses 28,40% ou La Chaux-de-Fonds avec ses 28,34% ! Comme le souligne Pascale Gazareth, présidente du POP de La Métropole horlogère, une votation agendée un mois après une élection fédérale peut expliquer en partie ce faible résultat. Mais ce n’est sans doute pas la seule, ni la principale. Il y a quelque chose qui change, une forme de ras-le-bol qui dit « allez vous faire f… » à tous ces politiques qui vident l’hôpital et les écoles. Qui dit son agacement de payer des impôts élevés et des sacs poubelles en plus et qui pousse les citoyens à se refermer sur eux, parce « qu’on se fait bouffer de toute part ». « Je crains un peu que ce ne soit qu’un début, et que la gauche ne soit plus assez en lien avec la population pour empêcher ce glissement », souligne la Chaux-de-Fonnière.

Reste, malgré tout, le résultat positif qui, bien que surprenant, conforte la position de la gauche unie au parlement derrière la proposition de SolidaritéS. Ce succès représente la conception du salaire vue d’en bas. Vue par celles et ceux qui n’arrivent pas à vivre avec leur salaire à plein-temps et qui doivent s’adresser à l’aide sociale pour pouvoir faire face à leurs obligations. Cette situation intenable a conduit une majorité de Neuchêlois à soutenir l’idée d’un salaire minimum.

On avait entendu toutes les craintes du patronat, des milieux économiques et de leurs représentants des partis de droite adeptes d’une conception du salaire vu d’en haut, c’est-à-dire marqué par la pratique du profit maximum. La droite, avec sa publicité mensongère, a peut-être reçu la réponse qu’elle méritait de la part de celles et ceux qui se sont exprimés.

Le principe du salaire minimum est désormais inscrit dans la Constitution. Il va falloir maintenant mettre en pratique ce choix et ce ne sera pas une mince affaire. Il appartient au Conseil d’Etat, puis au parlement d’en fixer les règles. Et on peut dire que la loi d’application n’est pas gagnée si la promesse du salaire minimum se transforme dans les faits en simple salaire de subsistance.

« Un revers pour la droite »

« L’issue du scrutin est un revers pour la droite, les associations patronales et le Conseil d’Etat. Tous estimaient que les problèmes de fixation des salaires devaient continuer à être résolus par les partenaires sociaux, via des conventions collectives de travail plutôt que par la loi », commentait la presse cantonale. Le conseiller d’Etat libéral radical Thierry Grosjean veut faire s’asseoir à la même table les partenaires sociaux et il admet qu’« il ne faudra pas fixer un montant tellement bas qu’il soit vidé de son sens ou tellement haut qu’il soit inapplicable. » Tout le travail reste à faire.

Une autre question turlupine quelques empêcheurs de chanter en chœur : ce n’est finalement pas sur un salaire minimum qu’il aurait fallu voter, mais sur un salaire maximum ! Mais cela est une autre histoire qui sera encore plus difficile à faire comprendre.

Quelques résultats

Les villes ont accepté largement le principe du salaire minimum. Neuchâtel l’approuve à 61,45% des suffrages ; Le Locle à 62,74% ; La Chaux-de-Fonds à 64,76%. La petite commune de Brot-dessous accepte le principe avec 66,67% des voix. Parmi les communes refusant la proposition, citons Lignières qui rejette le texte à 59,39%, Auvernier à 61,52% et La Brévine, qui jette un froid, avec ses 69,07% de refus.