Le canton ne doit pas être attractif qu’avec sa fiscalité

Le budget affiche un déficit de 17,4 millions. Des coupes de 5 millions sont prévues pour l'Hôpital. « Jusqu'où les services publics pourront-ils faire davantage avec moins ? », se demande le député Daniel Ziegler.

Le budget affiche un déficit de 17,4 millions. Des coupes de 5 millions sont prévues pour l’Hôpital. « Jusqu’où les services publics pourront-ils faire davantage avec moins ? », se demande le député Daniel Ziegler.

La grande majorité du Grand conseil neuchâtelois a voté le budget 2012 tel que proposé par la commission de la gestion et des finances par 96 voix contre neuf oppositions, provenant des libéraux, radicaux et UDC. Le budget prévoit un déficit de 17,4 millions de francs. Cette décision refuse de fait la version du Conseil d’Etat.

Dans son intervention, Daniel Ziegler, au nom du groupe PopVertsSol a souligné que le budget était « un compromis et comme tout compromis, il engendre une satisfaction mitigée ». Pour le Chaux-de-Fonnier, le budget 2012 a émergé après d’âpres discussions, voire d’échanges musclés. « Mais il a fini par emporter l’unanimité de la commission : fait assez rare pour être relevé – et nous nous en réjouissons », souligne le député.

Pour le groupe PopVertsSol, ce budget comporte quelques satisfactions qui portent en elles-mêmes des sources d’inquiétude.

Même si tous ne veulent encore l’admettre, force est de constater que la deuxième phase de désenchevêtrement a davantage profité aux communes qu’au canton. Il est dès lors justifié de corriger le tir et de leur demander de contribuer tant soit peu au redressement des finances cantonales. « Que le Conseil d’Etat impose unilatéralement des reports de charges pérennes qui doivent faire l’objet de négociations dans le cadre de la 3e phase de désenchevêtrement, avant même que ces discussions aient débuté, ne pouvait être qu’un mauvais signal », a expliqué Daniel Ziegler. Dans ses travaux, la commission a introduit le principe d’une contribution de solidarité basée sur les rentrées des personnes morales à hauteur de quelque 9,5 millions et limitée à l’année 2012. « Reste maintenant à aboutir à une répartition équitable et efficace des tâches et des charges entre Etats et communes et le groupe PopVertsSol, quant à lui, est bien décidé d’apporter sa pierre à l’édifice », souligne le popiste.

Le deuxième objet de satisfaction concerne le non-renouvellement d’une nouvelle retenue salariale imposée à la fonction publique. Pour l’ancien président du syndicat SSP cantonal, « cette mesure, préconisée par la droite, aurait très mal passé. Pire : elle aurait constitué une maladresse politique majeure. En effet, cette mesure aurait signifié que l’employeur ne respecterait pas l’accord salarial 2010 – 2013 que notre autorité a voté sous forme de loi et qui prévoit de toute façon déjà une retenue salariale et un blocage des échelons discrétionnaires pour 2012, avant une sortie des mesures pour 2013. »

Des sous-effectifs chroniques

Par contre, Daniel Ziegler reste inquiet sur les économies de 4,5 millions prévues par cette mesure et qui devront bien être trouvées sur l’ensemble de la masse salariale. Or, pour y parvenir, le Conseil d’Etat continuera la pratique des non-remplacements ou des étalements d’engagements supplémentaires. Ces pratiques continueront à prétériter les conditions de travail dans des services souvent déjà en sous-effectif chronique. « Jusqu’où pourra-t-on continuer année après année cet exercice d’amaigrissement sans mettre sérieusement en danger la qualité des services publics ? Jusqu’où pourra-t-on durcir année après année les conditions de travail des collaboratrices et des collaborateurs tout en se voulant un employeur responsable ? A titre d’exemple, les mesures imposées aux lycées et aux écoles professionnelles ont fait grimper les absences pour cause de maladie de plus de 50% dans les premiers, de plus de 30% dans les seconds. Est-ce bien responsable ? Dans le privé, cela ferait la manchette des journaux ! Tôt ou tard, il faudra bien, si l’on veut continuer à tailler dans les dépenses, trouver le courage politique de discuter des prestations de l’Etat », souligne-t-il.

Dans le domaine social et de la santé, les coupes linéaires de 1,1%, préconisées par certains, ont pu être évitées, mais le budget établi par le Conseil d’Etat prévoit toujours des sacrifices importants, notamment de 5 millions pour l’Hôpital neuchâtelois. Jusqu’où les services publics et parapublics pourront-ils faire davantage avec moins ? Le député met en évidence ce qui pour lui est un mauvais calcul. « Afin d’attirer des entreprises dans le canton, nous avons baissé la fiscalité des personnes morales. Afin d’attirer ou du moins retenir des contribuables, notamment des familles, nous nous apprêtons à faire de même pour les personnes physiques. Fort bien, mais l’attractivité d’un canton ne dépend pas de sa seule fiscalité. Qui voudra venir s’établir dans un canton dans le système médical et hospitalier périclite, qui offre des prestations bien en deçà de la moyenne des cantons environnants pour l’intégration des enfants handicapés, qui compte 1 psychomotricien pour 5’000 enfants – et c’est, semble-t-il, encore trop – alors que les cantons environnants en comptent 1 pour 1’500 à 3’000 ? Qui voudra venir s’établir dans un canton qui dépense bien moins que tous les autres par tête d’élève à l’école obligatoire ? Ce ne sont là que quelques exemples pour rappeler que la qualité des prestations, notamment aux familles, compte au moins autant, voire plus que la fiscalité pour retenir, voire attirer des contribuables. »

En conclusion, le groupe Pop/Verts/Sol est satisfait qu’un compromis tant soit peu acceptable ait pu être trouvé et a voté ce budget. « Nous tenons cependant à exprimer nos craintes et nos réserves pour les budgets à venir », précise Daniel Ziegler.