Le dossier de l’Hôpital neuchâtelois dans la tourmente

La Chaux-de-Fonds veut conserver dans son site hospitalier la chirurgie stationnaire complexe.

La Chaux-de-Fonds veut conserver dans son site hospitalier la chirurgie stationnaire complexe.

Par l’intermédiaire de tous les partis politiques, les habitants du Haut du canton sont unis pour défendre une antenne hospitalière dans leur ville qui ne soit pas un ersatz des intentions du gouvernement annoncées depuis l’autonomisation de l’Hôpital neuchâtelois (HNE). Le Groupe travail interpartis sur l’hôpital de la Métropole horlogère a publié un document dans lequel il accepte notamment la centralisation du pôle femme-mère-enfant à Neuchâtel. Un fait pourtant contraire aux décisions du Conseil d’Etat qui proposait le site de La Chaux-de-Fonds en réponse au déplacement à Neuchâtel de l’Ecole d’ingénieurs situé préalablement au Locle. Le Groupe propose cependant de créer de vrais pôles d’excellence à La Chaux-de-Fonds. Il ne s’agit pas d’un équilibre mathématique, mais de la conservation de deux blocs opératoires, un sur chaque site, 24h/24 donc avec une ligne de garde opératoire sur chaque site qui représenterait un véritable choix multisite. Les politiciens chaux-de-fonniers estiment que la fixation de la chirurgie stationnaire complexe dans leur ville permettrait d’arriver à une répartition acceptable. Les Chaux-de-Fonniers pensent que le plan stratégique présenté par la direction d’HNE n’est qu’un leurre malhonnête destiné à tromper les citoyens, les médias et les politiques : garder, comme annoncé, le bloc opératoire 24h/24 uniquement avec la chirurgie ambulatoire et de court-séjour amènera inéluctablement à fermer le bloc opératoire les nuits et les week-ends à très court terme. Or, « sans chirurgie complexe, les soins intensifs vont aussi fermer (selon le principe des dominos) et il est facile de deviner ce qui se passerait pour la médecine interne ensuite (toujours selon le même principe des dominos). Nous nous éloignerions alors très notablement du certain déséquilibre relatif acceptable : il n’y aurait plus du tout de soins aigus à La Chaux-de-Fonds », dit leur document. Et en contrepartie, le Groupe propose d’installer toute la chirurgie stationnaire sur le site chaux-de-fonnier. Il ne s’agit pas de maintenir des doublons partout, mais d’assurer la garantie d’avoir des traitements d’urgence pour un bassin de population de plus de 80’000 personnes. Le Groupe s’oppose à l’argument selon lequel la proportion de la population doit tout justifier. « Faire notre cet argument reviendrait à nier toute politique régionale dans notre canton. Ce que nous défendons sur le plan fédéral, nous devons être capables de le défendre de manière souple et intelligente sur le plan cantonal. » Pour les auteurs, il ne s’agit rien de moins que du respect de l’autre, d’une forme de solidarité et du savoir vire ensemble. Le canton de Neuchâtel a la particularité (le malheur ou la chance ?) d’avoir deux pôles citadins clairs ce qui rend toute comparaison avec d’autres cantons caduque.

Reste à attendre la position du Conseil d’Etat sur ce plan stratégique et, selon ses choix, l’équilibre sera rétabli ou la guerre déclarée.

Soigner l’Hôpital neuchâtelois ou les technocrates qui le gèrent ?

Il faut mettre en cœur de notre raisonnement l’équilibre et la fraternité plutôt que le seul aspect financier.

Le long, trop long, feuilleton de l’Hôpital Neuchâtelois (HNE) n’est pas prêt de se conclure. On assiste à diverses tentatives pour défendre des positions qui se trouvent toujours avantageuses pour celui qui les propose.
Pour certains, il faut le concentrer dans le Bas car c’est dans cette région que se développe le canton, pour d’autres, au contraire, il faut conserver une judicieuse répartition pour renforcer l’unité cantonale. Pour d’autres, il s’agit de condamner la conseillère d’Etat responsable de la Santé ainsi que ses prédécesseurs, ce qui évite de faire d’autres propositions. Pour certains autres encore, le coût de la maladie est trop élevé, donc on supprime 5 millions dans le budget 2012 de cette institution. Une institution qui par ailleurs n’est plus directement contrôlée par les élus, mais par le Conseil d’Etat comme l’ont voulu la majorité des députés contre l’avis du groupe PopVertsSol. Autonomiser les services relève de la même conception, il faut éloigner ceux qui compliquent la recherche de solutions en voulant mettre au cœur de leur raisonnement l’équilibre et la fraternité plutôt que la priorité de l’aspect financier du problème.

En fait, le sort de l’Hôpital neuchâtelois ne dépend pas tellement des personnes qui le gèrent, qu’elles soient politiques ou technocrates, mais de l’état d’esprit majoritaire du moment. Celui-ci fait du principe de concurrence et de compétitivité la solution à tous les problèmes de l’humanité. Ainsi, la Confédération décide que dès le 1er janvier prochain, tous les hôpitaux de Suisse seront mis en concurrence. La concurrence, un principe dont les effets spectaculaires dans les réductions des primes d’assurance maladie sont connus de chacun… Les fusions de communes, les concentrations d’entreprises relèvent du même fantasme. Un fantasme qui ne concerne pas la richesse. Dans ce cas, pas question de fusionner les plus riches pour le bien-être des plus pauvres. Le chacun pour soi est la règle. Chacun cherchant à trouver la solution qui lui permet de posséder davantage ou d’éviter de perdre quelque chose. Ce qui prévaut, ce sont les économies pour les autres afin que continue la folle aventure de la croissance matérielle, économique et financière perpétuelle pour soi.

Pour sortir de cet imbroglio, sera-t-il possible d’imaginer de passer d’une croissance illimitée à une conception basée sur une meilleure égalité entre les êtres humains ? Ce qui permettrait d’avoir une plus grande satisfaction et une meilleure sécurité individuelle. Le rassemblement du collectif et de l’individuel pourrait être la démarche susceptible de poursuivre le développement de l’esprit humain dans un sens noble et généreux, ou noble parce que généreux.