Vers l’accès à l’apprentissage des enfants de sans-papiers

Le Grand Conseil demande que le Conseil d'Etat intervienne à Berne pour permettre l'intégration des jeunes sans statut légal.

Le Grand Conseil demande que le Conseil d’Etat intervienne à Berne pour permettre l’intégration des jeunes sans statut légal.

Les jeunes sans papier dont les résultats scolaires le permettent peuvent suivre le gymnase ou une Ecole des métiers… mais l’entrée en apprentissage reste interdite pour tous les autres enfants de sans papiers. Une initiative Jean-Michel Dolivo et Serge Melly (radical) a été acceptée mardi en deuxième débat par 72 oui contre 63 et 2 abstentions. Le Conseil d’Etat devra donc adresser à Berne cette initiative qui demande que cesse cette injustice crasse.

Philippe Leuba dans le sillage de l’UDC

La droite, l’UDC et le conseiller d’Etat Leuba se sont battus bec et ongles, mais en vain, contre cette proposition. Plusieurs ont affirmé que c’était par pure générosité : « Ne laissons pas ces jeunes nourrir de faux espoirs puisqu’ils n’obtiendront pas le droit de travailler ensuite. » D’autres n’ont pas hésité à menacer, comme le radical Borloz : « Si vous acceptez l’initiative, vous allez conduire à interdire une fois pour toutes l’entorse qui permet à ces jeunes de suivre l’école obligatoire. » Et de poursuivre : « Notre formation scolaire est bien supérieure à celle donnée dans leur pays d’origine, cela suffit là-bas à partir sur de nouvelles bases. » Le conseiller d’Etat Leuba prétendit venir seulement de comprendre que la Municipalité de Lausanne, qui avait soulevé la question de l’exclusion des sans papiers de l’apprentissage, ne voulait pas en engager dans l’immédiat mais en faisait une question de principe. L’UDC, comme l’avait fait Claude Alain Voiblet en premier débat, n’y voit qu’une tactique de régularisation des sans-papiers. « Comment croire que ces jeunes s’engageront dans un apprentissage alors qu’ils sauront ne pas pouvoir travailler ensuite ? » Comme si tous les apprentis aux papiers bien en règle étaient tous assurés de trouver un premier emploi ensuite… Philippe Leuba s’est même laissé aller dans sa diatribe à déclarer qu’il s’opposait fermement à l’initiative « au nom du Conseil d’Etat », oubliant soudain, tellement c’est dur à avaler, que depuis l’élection de Béatrice Métraux le libéral Leuba ne fait plus partie de la majorité au gouvernement.

Le Grand Conseil a tranché grâce à la gauche unie et l’appui de députés de droite. Espérons maintenant que le Conseil d’Etat ne mettra pas des mois pour transmettre l’initiative à Berne.