De la hargne au ridicule, il n’y a qu’un pas

Au Grand Conseil, la droite fait tout pour restreindre le contrôle du financement des partis.

Au Grand Conseil, la droite fait tout pour restreindre le contrôle du financement des partis.

Mardi dernier, la droite a embourbé le Grand Conseil vaudois dans un débat aussi outrancier que grotesque. Pas besoin d’être sorcier pour se rendre compte que le changement de majorité du gouvernement en décembre dernier a bouleversé la bile de nombre de caciques. La rogne revancharde bouillonnait et elle a explosé. Le sujet s’y prêtait.

Critiques du Conseil de l’Europe

Une motion socialiste, déposée en 2007 et acceptée par le parlement, proposait un contrôle du financement des partis. L’inexistence d’un contrôle du financement des partis en Suisse a fait encore récemment l’objet de critiques du Conseil de l’Europe. Seul Genève et le Tessin sont parvenus jusqu’ici à introduire quelques lueurs dans l’opacité des comptes des partis politiques. Dans le canton de Vaud, tout avait alors plutôt bien commencé : le Conseil d’Etat à majorité de droite a élaboré, en réponse à la motion, un projet de loi, certes avec une prudence, une retenue et une modestie qui ne risquaient pas de révolutionner les institutions. Mais loi prévoyait quand même une sanction pour les partis qui refusaient de présenter leurs comptes. Ils courraient le risque de ne pas recevoir le remboursement du coût des élections. La majorité de la commission a estimé que c’était trop insignifiant et a élaboré un nouveau texte plus incisif.

La toute nouvelle conseillère d’Etat Béatrice Métraux, assermentée le 10 janvier, affrontait pour la première fois, et seule, une journée entière face au parlement. D’emblée, elle déclara que le Conseil d’Etat nouveau avait réexaminé à sa demande le projet présenté, puisqu’elle avait repris la responsabilité du département concerné. Il fut conclu que le gouvernement ferait sien le projet choisi par le Grand Conseil : soit le très modéré qu’avait présenté Philippe Leuba, soit le plus incisif de la commission.

De quolibets en attaques

L’UDC Brelaz expliqua combien il lui paraissait normal que personne n’imagine – et en tout cas pas lui – de respecter une loi visant à la transparence des comptes des partis. Le libéral Surer, révulsé par le changement de point de vue du gouvernement, se lança dans une diatribe entre rage et amertume. Il ouvrit ainsi la voie à trois heures de débats après avoir proposé de renvoyer le projet en commission : pour mieux entendre la voix des « Maîtres » ? Cette proposition heureusement refusée, le débat s’enlisa. L’UDC Chollet cru bon de faire remarquer que les « millions venus de Zurich » n’avaient pas empêché son parti de perdre nombre de sièges. Il s’entendit rétorquer qu’il fallait être bien nul pour ne pas parvenir à être gagnant avec tant d’argent.

De quolibets en attaques, d’arguments en sophismes, la majorité du Grand Conseil décida de choisir le projet le plus modéré, puis en refusa tous les articles, sauf celui concernant l’application… des articles refusés. Et un deuxième débat est prévu mardi sur ces débris. Tout ça pour faire comprendre que jusqu’au 30 juin la droite reste majoritaire au parlement ? Le peuple pourrait bien se dire qu’une droite capable d’un ridicule aussi hargneux ne lui fait pas envie.