Des résultats mitigés pour les fusions de communes

Les projets de fusions n'ont pas remporté une franche adhésion populaire. On a voulu aller trop vite.

Les projets de fusions n’ont pas remporté une franche adhésion populaire. On a voulu aller trop vite.

Les régions est (Val Terbi) et ouest (Haute-Sorne) du district de Delémont se prononçaient chacune sur la constitution d’une nouvelle commune. Six des 14 communes concernées ont refusé de se fondre dans les nouvelles entités. Les raisons sont diverses et variables d’une commune à l’autre. Il y avait notamment le souci d’identité et de perte de la démocratie de proximité, l’intérêt financier ou/et la situation géographique. Ainsi, dans la région Haute-Sorne, les deux communes rejetantes sont la plus riche (Boécourt, 88% de non !) et Saulcy, village presque franc-montagnard. Les cinq autres communes disent oui, celui de la principale, Bassecourt, étant un des moins enthousiastes (55%). Si dans le cas de la Haute-Sorne, le résultat correspond à une certaine logique, il n’en est pas de même pour le Val Terbi.

Dans le Val Terbi, le résultat est très mitigé, puisque 4 communes sur 7 ont dit non, de même que la majorité de la population, de justesse (50,1%). Mais selon la convention de fusion, il suffisait de trois communes, dont une des deux plus importantes, pour que la nouvelle commune soit créée. Le résultat, une commune au territoire discontinu, n’est pas vraiment satisfaisant pour grand monde. On a voulu aller trop vite et on peut estimer que la pratique neuchâteloise – la nouvelle commune n’est créée que si toutes les communes ont voté favorablement – aurait été mieux adaptée. Cela peut prendre un peu plus de temps car il faut un deuxième vote si certaines communes refusent. Mais les décisions sont prises en connaissance de cause, ce qui n’était pas le cas dimanche.

En effet, dans les petits villages, plusieurs personnes étaient opposées, à tort ou à raison, à la présence de Courroux dans cette fusion, car cette commune de plus de 3’000 habitants représente le 43% de la population, Vicques 25% et les cinq petites communes 32%. D’où la crainte de celles-ci de ne pas peser lourd dans les décisions futures. En outre, Courroux, plus proche de Delémont que de toutes les autres communes concernées, n’est pas perçue par tout le monde comme faisant partie du Val Terbi. Donc, le vote aurait été probablement différent si le projet n’avait concerné que le Val Terbi au sens habituel du terme. Et Courroux a dit non (52%). Corban (non à 51%) confirmerait-il son vote sur un projet sans Courroux ? Et dans l’autre sens, Montsevelier aurait-il dit oui (52%) sachant que les trois villages voisins ne feraient pas partie de la nouvelle commune ?

Le 25 mars, ce sont les Francs-Montagnards qui se prononceront sur un projet de « commune unique » englobant toutes les communes actuelles du district, qui compte environ 10’000 habitants. La population et la plupart des partis sont divisés. A gauche, le Parti socialiste a pris position pour le oui. Mais, en désaccord avec cette position et la façon dont elle a été prise (une assemblée de 25 personnes), un de ses militants les plus populaires, Jacques Bassang, ancien député et maire du Noirmont et président du comité d’opposition, vient de quitter le parti.

Les Verts sont partagés, mais leur député, Jean-Michel Steiger, milite pour le non, de même que quelques membres ou sympathisants du POP. Ils ne sont pas opposés à toute fusion de communes, mais préféreraient de plus petits ensembles, maintenant une démocratie locale vivante. En outre, en réponse à certaines questions importantes, le Comité de fusion a répondu que le problème serait réglé après. Chez les voisins neuchâtelois, les choses étaient bien davantage précisées, par exemple avant le vote créant la commune de Val-de-Travers.