Il est urgent d’attendre, nouveau refrain de la droite

vaud • Le Grand Conseil refuse qu'une commission se penche sur les cadeaux fiscaux aux entreprises.

Le Grand Conseil refuse qu’une commission se penche sur les cadeaux fiscaux aux entreprises.

France Gall a chanté « Il est urgent d’attendre » et c’est devenu le refrain favori de la droite du Grand Conseil. Le député Dolivo leur a même suggéré que cela devienne leur slogan électoral. En effet, usant de leur actuelle majorité, les députés de droite ont envoyé en corner non seulement une proposition concernant toute la question du financement des partis, mais aussi les cadeaux fiscaux vaudois épinglés par le Contrôle fédéral de finances (voir ci-dessous). Verts, socialistes et le groupe POP-solidaritéS ont proposé une résolution afin que les commissions de surveillance, qui sont celles de gestion et des finances, se penchent sur les critiques fédérales et leurs conséquences, puis rapportent auprès du parlement. Mais il fallait d’abord obtenir un changement de l’ordre du jour. La mine quelque peu confuse du président Broulis, grand argentier vaudois, annonçait qu’il paraissait prêt à donner quelques informations au Grand Conseil, comme il l’avait fait auprès de la presse. Mais voilà. La droite trouva que ce n’était pas le moment, y compris bien sûr le PDC et les Verts libéraux dont l’ancrage à droite est de plus en plus confirmé. La Confédération estime avoir perdu près d’un milliard à cause de la politique des avantages fiscaux dont 70% émaneraient du canton de Vaud ? Chut. Surtout ne pas en parler, et attendre que cela se tasse, car « nous sommes en période électorale ». D’autant que les départements des finances (celui du radical Broulis) et celui de l’économie (actuellement, après l’UDC Mermoud, sous la houlette du libéral Leuba) paraissent particulièrement impliqués dans des décisions de défiscalisation sans l’aval de l’ensemble du Conseil d’Etat. C’est ainsi que la droite unanime serra les rangs et refusa que la résolution soit discutée. « Un moment, rien qu’un moment encore, Monsieur le bourreau », comme disait Madame du Barry.

Et le contrôle du financement des partis ?

Quant au projet de contrôle du financement des partis, il continue à donner des cauchemars à la droite, déjà ulcérée par le récent changement de majorité au gouvernement. Le premier débat du mardi 31 janvier avait tenu du vaudeville : tous les articles du décret avaient été refusés, sauf celui précisant l’application de ces articles…

Les optimistes imaginaient qu’après une semaine, il serait possible d’ouvrir un deuxième débat entre gens de bonne compagnie. Or, le boute feu Surer, chef du groupe libéral, n’avait pas encore remisé ses allumettes. Il refusa le débat et proposa de renvoyer le paquet à la commission, soit justement à celle dont la majorité veut clairement un réel contrôle des finances des partis. Allez comprendre. Ce qui valut l’ironique remarque du Vert Jean-Yves Pidoux : « J’implore la compassion de toute la gauche à l’égard des chefs des groupes de droite qui tournent autour du pot après s’être tirés une balle dans le pied. » Il ne croyait pas si bien dire. Par 74 voix contre 63, et avec l’appui des Verts libéraux et du PDC, l’avorton de décret a été renvoyé à la commission qui, sans changement en son sein, ne pourra guère que se déterminer comme lors de son premier travail. La sagesse sait attendre avant de triompher.