Jamais on n’a vu campagne électorale si calme et si pâle. Surtout de la part des Conseillers d’état sortants qui ne se risquent pas à la moindre critique entre eux et vont jusqu’à sourire béatement ensemble devant les photographes. Le candidat blochérien lui-même se fait transparent, fidèle à l’image qu’il donne sur les affiches : en retrait et souriant finement. Contrairement au malheureux candidat UDC qui se déclarait « prêt » en automne, celui-ci, qui laissait entendre qu’il n’était pas prêt, se fond maintenant dans la masse et devient, en vrai caméléon, couleur PLR.
Les exonérations fiscales qui font trembler Pascal Broulis et Philippe Leuba ? On en reparlera plus tard, il sera bien assez tôt. Le logement ? Quelques théories et peu de concret. On risquerait en effet de mettre en question la volonté gouvernementale de n’en confier la responsabilité qu’aux communes. Les transports publics et la hausse des tarifs sur le dos des utilisateurs ? N’allons pas faire de peine à François Marthaler, Conseiller d’Etat sortant qui part à la retraite. Surtout qu’il vient d’annoncer que le LEB, son chouchou – il siège au Conseil d’administration – ne correspond pas encore aux promesses solennelles de passer au rythme des quart d’heures dans l’horaire mais il sera souterrain en ville de Lausanne. Dans quelques années. La toute nouvelle conseillère d’Etat verte, Béatrice Métraux, fait déjà preuve d’une prudence de Sioux dans ses déclarations, preuve de son intégration dans une équipe d’amis indéfectibles. Pascal Broulis, président du Conseil d’Etat lui-même, paraît avoir relégué au vestiaire ses mémorables accès de colère, dignes de la rage et des tonnerres de Zeus.
Il y eut pourtant un acte politique l’autre mardi sur la place de la Riponne. Un acte politique des radicaux, un acte propre à marquer l’histoire de la campagne : tous réunis, sombres et déterminés, quelques radicaux se penchèrent sur un énorme crayon jaune géant et ils le brisèrent solennellement. L’allégorie reste sibylline. Mais quel courage.